B.G. attribue à un auteur unique, le Souabe luthérien Johan
Valentin Andreae (1586-1654), les textes fondateurs du
rosicrucianisme: les Échos de la Fraternité, la
Confessio Fraternitatis et les Noces Chimiques.
Les Échos, conte ésotérique, mettent en scène un héros mythique
(Christian Rosencreutz, décédé en 1484 à 106 ans!), créateur d'une
société secrète qui, devant l'urgence d'une réforme politique, et
sociale universelle (la fin des temps est proche!), propose une
pansophie axiomatique, synthèse de toutes les sciences et
de toutes les croyances (union du macrocosme et du microcosme). La
Confessio, très antipapiste, se présente comme un
manifeste complémentaire, rédigé par les membres de la Fraternité.
Les Noces, l'oeuvre la plus longue, la plus riche (variété de
styles et de genres) et la mieux réussie, est une fable allégorique
«maniériste», rédigée à la première personne, narrant un voyage de
Christian Rosencreutz et sa participation aux noces royales. Traité
d'alchimie ou de mystique?… C.G. Jung le considère comme une des
sources importantes de sa thèse de psychanalyste. La traduction,
réalisée à partir d'un original latino-germanique baroque qui
oscille entre la prolixité et la litote, est étonnamment limpide.
Une introduction érudite et des notes savantes (sans prétendre
résoudre toutes les difficultés) confrontent constamment le texte
aux écrits similaires et contemporains. - P. Detienne, S.J.