Qu'il est réjouissant que, après la parution du « petit cours » de
théologie morale, en deux forts volumes en 2010 et 2012, soit
publié maintenant, à un rythme encore trop lent, le « grand cours »
en 15 volumes (seul fut déjà édité le volume 9 sur l'espérance en
2012). Trop connu pour le triste Dialogue
théologique manqué, le père dominicain ne l'est pas assez
pour ce cours sans équivalent et, il faut le dire,jusqu'à
maintenant peu accessible (seulement sous forme de polycopiés). Il
se présente comme un commentaire pas à pas de chacun des articles
de la IIa parsde la Somme de
théologie, autrement dit de la morale générale et de la morale
particulière (organisée selon les sept vertus, théologales puis
morales). Le premier mérite de ces écrits est leur extraordinaire
clarté d'écriture : sans jamais rien céder à la rigueur thomasienne
(multipliant définitions, distinctions et argumentations
éclairantes), la prose demeure limpide et même, ce qui est une
prouesse pour un commentaire, fluide. Le second est que l'A.
n'hésite pas à actualiser la doctrine en la confrontant à de
nouvelles sources, à des divergences dans les interprétations
autorisées de la lettre de Thomas et à des questions
contemporaines. Ici, trois longs excursus traitent respectivement :
l'objet de foi dans l'Église, le régime de salut pour ceux qui ne
professent pas intégralement la foi chrétienne, les enseignements
du magistère sur la foi.
Ce qui fait la valeur insigne de ce travail en fait la limite
principale : publié dans les années 60, bien que repris et enseigné
régulièrement par le p. Labourdette, il n'a malheureusement jamais
intégré les apports importants du concile Vatican iiet des
souverains pontifes ultérieurs. - P. Ide