Les controverses dans l'Évangile de Marc
P. RolinSacra Scrittura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Après un rapide état de la recherche concernant les apophtegmes marciens, l'A. en détermine deux séries (Mc 2,1 à 3,6 et 11,27 à 12,44) qu'il passe ensuite au quadruple microscope de la forme, de l'analyse littéraire, de l'histoire de la tradition et de la rédaction marcienne. Cet examen détaillé s'opère en deux temps: une centaine de pages est consacrée à la première section retenue, deux cents à la seconde, chacune d'elles comportant des conclusions sur l'intention théologique de Marc: l'enjeu de la discussion est la reconnaissance ou le rejet de la parole libératrice de Jésus, avec comme horizon le partage de la souffrance et de la passion.
Les caractéristiques de la narration de Mc sont: la «dramatisation» pour la première section, galiléenne; le «temps suspendu» pour la seconde, à Jérusalem. Les techniques narratives de l'évangéliste sont le recadrage, l'ironie et l'implication du lecteur. Son intention théologique est l'autorité libératrice de Jésus, radicalement nouvelle, qui conduit à la manifestation du Crucifié et à la mise en question de l'auditeur supposé ou réel. «L'évangéliste Marc écrirait dans une situation où pour certains chrétiens hellénistiques cultivés l'évangile a cessé d'être problématique. Son entreprise viserait à mettre en crise le consensus confortable de ces milieux» (p. 345). Nous avons là une thèse intéressante, remplie de notations suggestives et d'observations judicieuses. On a un peu l'impression que le «présupposé» de l'A. gouverne toute la rédaction, - par ailleurs intelligemment construite et bien documentée -, qui s'avère un peu laborieuse par son style souvent compliqué émaillé de coquilles orthographiques non corrigées. Bref, un travail scolaire qui confirme avec justesse les résultats de la recherche récente concernant la rédaction de Marc. - J. Radermakers sj