Les évêques au temps de Vichy : Loyalisme sans inféodation. Les relations entre l'Église et l'Etat de 1940 à 1944
Jean-Louis Clément.Storia - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Après lecture, il serait possible de poser quantité de questions. On pourrait certes se limiter au point de vue strictement «politique»: a raison qui réussit… Et, dans le cas concret, l'Église a raté… Pour notre part, il nous paraît, notamment à la suite des travaux de l'Américain Paxton, que le régime de Vichy fut plus pernicieux que ne le croient ses partisans, en particulier parce qu'il maintint une perpétuelle et profonde ambiguïté: était-il vraiment pensable de sauver la France en «s'accommodant» avec un régime aussi pervers que le nazisme? Et dès lors, l'allégeance, même mitigée, de l'Église officielle était-elle justifiable? Mais d'un autre côté, les responsables ecclésiastiques étaient-ils intellectuellement suffisamment armés pour comprendre toute la perversité du nazisme et les dangers d'une collaboration, de quelque nature qu'elle fût, avec le IIIe Reich, et donc en fin de compte cette ambiguïté du régime de Vichy? Travail, patrie, famille, sont autant de valeurs que le catholicisme défend. La «Révolution nationale» ne manquait peut-être pas d'être séduisante, surtout quand on considère que la fin de la Troisième République ne fut nullement un régime glorieux. Mais les mots ont-ils toujours la même signification chez des personnes différentes? - B. Joassart, S.J.