Un mémoire publié en 1714 et traduit en français près de 300 ans
plus tard, voilà qui manifeste une singulière actualité. P. Lurbe,
maître de conférences à l'Université de Caen, entreprend de nous
faire connaître ce précieux écrit. Avant de présenter la traduction
du texte subversif de J. Toland, il nous en dit l'enjeu politique:
accorder la naturalisation générale aux Juifs réinstallés en
Angleterre après des siècles de proscription, c'était à l'époque
une preuve inouïe de tolérance. En effet, le clergé anglican
d'alors craignait un prosélytisme juif et même, pour les chrétiens,
une tentation de judaïser. Or Toland raisonne à partir de l'unité
de l'humanité et non à partir du rôle exemplaire du peuple juif
comme acteur de l'Histoire sainte. Il invite à un dialogue ouvert
avec tous les hommes, même les plus marginalisés par l'histoire, et
à une union sans uniformité entre Juifs et Gentils, l'idéal des
origines chrétiennes. Cent pages d'introduction (Tolérance et
citoyenneté) à un texte de soixante pages, sept pages de
bibliographie sélective, un double index des noms propres et des
matières: tel est le menu du volume. Nous savons gré à l'éditeur
d'avoir tiré de l'oubli cet écrit d'une précision et d'une
perspicacité étonnantes, que les théologiens, les sociologues et
les politiciens gagneront à méditer, mais surtout ceux
qu'intéressent les relations entre Juifs et chrétiens ou la
question de la légitime pérennité du judaïsme. - J. Radermakers,
S.J.