On se libère du Socrate victorieux des mensonges sophistiques comme d'une pure mise en scène platonicienne. On retrouve alors Socrate comme un personnage absolument singulier, dont la philosophie n'a pas eu de descendance. Car ce sont les sophistes qui véritablement ont été les pères de notre enseignement, lequel n'a été ainsi qu'une longue trahison de Socrate, tout en se réclamant de lui. Socrate a été en fait l'homme des commandements absolus. Sans doute n'a-t-il pas tout inventé, mais ce qui le précédait avait un autre sens que celui qu'il a inauguré. Face aux mythes, il a choisi la raison, tout en sachant que l'expérience la dépassera toujours. Ainsi ont pris naissance la métaphysique et la théologie, où s'intégreront la philosophie, le judaïsme hellénistique et le christianisme. Pareille interprétation de Socrate semble, aux yeux de l'A., faire disparaître les contradictions qui rendent incompatibles ses diverses figures. On restitue son expérience singulière dont la nature, certes, nous échappe, mais dont nous voyons s'attester l'existence et les effets. Est-ce le vrai Socrate? L'affirmer n'aurait guère de sens car chaque image que nous nous en faisons ne peut en exprimer qu'un aspect partiel. La réalité de Socrate excédera toujours le regard que nous portons sur lui. - H. Jacobs, S.J.
On se libère du Socrate victorieux des mensonges sophistiques comme d'une pure mise en scène platonicienne. On retrouve alors Socrate comme un personnage absolument singulier, dont la philosophie n'a pas eu de descendance. Car ce sont les sophistes qui véritablement ont été les pères de notre enseignement, lequel n'a été ainsi qu'une longue trahison de Socrate, tout en se réclamant de lui. Socrate a été en fait l'homme des commandements absolus. Sans doute n'a-t-il pas tout inventé, mais ce qui le précédait avait un autre sens que celui qu'il a inauguré. Face aux mythes, il a choisi la raison, tout en sachant que l'expérience la dépassera toujours. Ainsi ont pris naissance la métaphysique et la théologie, où s'intégreront la philosophie, le judaïsme hellénistique et le christianisme. Pareille interprétation de Socrate semble, aux yeux de l'A., faire disparaître les contradictions qui rendent incompatibles ses diverses figures. On restitue son expérience singulière dont la nature, certes, nous échappe, mais dont nous voyons s'attester l'existence et les effets. Est-ce le vrai Socrate? L'affirmer n'aurait guère de sens car chaque image que nous nous en faisons ne peut en exprimer qu'un aspect partiel. La réalité de Socrate excédera toujours le regard que nous portons sur lui. - H. Jacobs, S.J.