Après avoir connu un très grand succès autour des années 60, le
thème de l'alliance a dû patienter plus de deux décennies avant de
retrouver quelque succès auprès des exégètes. W.G. propose de faire
le point sur quelques textes essentiels datant tous de l'époque
postexilique. Tous ces textes traitent d'un même problème: sur
quelle base Israël peut-il rebâtir son futur après la rupture de
l'alliance? Une première partie discute des différents concepts
d'alliance dans l'AT. Le premier chapitre traite du concept
deutéronomiste de l'alliance dans la péricope du Sinaï (Ex 19-34).
Après l'épisode du veau d'or (Ex 32), le renouvellement de
l'alliance est dû, dans ces textes tardifs, à la seule intercession
de Moïse. Le second chapitre aborde Dt 4 où la solution est à
chercher dans la conversion du peuple et dans l'alliance
inconditionnée de Dieu avec les patriarches. Pour l'écrit
sacerdotal (chapitre 3), il n'existe qu'une seule véritable
alliance entre YHWH et Israël, l'alliance unilatérale avec Abraham.
Cet écrit ne connaît pas d'alliance avec le peuple au mont Sinaï et
seuls les individus peuvent rompre l'alliance, mais non le peuple.
Pour Ex 31, 12-17 (chapitre 4), le signe de l'alliance est le
sabbat. Lv 26, 40-45 (chapitre 5) invite Israël à reconnaître ses
fautes et à en payer les conséquences, puis à espérer en un Dieu
qui se souvient de l'alliance avec les patriarches et peut-être
aussi de l'alliance du Sinaï. L'histoire de l'alliance entre YHWH
et son peuple a connu plusieurs phases (chapitre 6) que les
écrivains bibliques décrivent à l'aide du concept de «génération».
Ex 34, 9.10, un texte très récent, parle avant tout de pardon
(chapitre 7). La nouvelle alliance de Jr 31, 31-34 (chapitre 8)
n'est pas seulement une alliance «renouvelée». Elle est
inconditionnelle et, en outre, Dieu s'assure que la loi sera
observée puisqu'elle est «mise dans les coeurs».
La seconde partie entre dans le débat actuel sur la «nouvelle
alliance». Deux chapitres en développent les aspects principaux:
les problèmes liés à l'interprétation de Jr 31, 31-34 et
l'hypothèse d'une alliance unique. Un dernier chapitre conclut
l'ensemble sous forme de thèses et de questions. Dans le cadre du
dialogue entre le christianisme et le monde hébraïque, W.G.
considère que ni la théorie de deux alliances ni celle d'une unique
alliance ne parviendront à expliquer les relations entre Église et
Synagogue. L'ouvrage est assez technique et, comme le confesse l'A.
lui-même (p. 13), bien des affirmations reposent nécessairement sur
des hypothèses. Il n'empêche que la réflexion est on ne peut plus
tonifiante. - J.-L. Ska, S.J.