Les premières Études du Père Joseph Maréchal sur la psychologie des mystiques ont suivi de très près la parution des célèbres Études d'histoire et de psychologie du mysticisme d'Henri Delacroix. Cette rencontre sur le terrain de la psychologie mystique a entraîné de la part du jésuite une appréciation favorable des travaux du philosophe laïque. Mais l'explication diverge forcément: inconscient bon à tout faire pour Delacroix, effraction surnaturelle pour Maréchal. Ce dernier est néanmoins gêné tant par les réticences de saint Thomas que par l'interdit jeté par Kant sur l'intuition suprasensible. Baruzi, qui radicalise l'expérience mystique dans sa teneur négative, en permet pas une médiation, mais le thomisme adouci du Père Gardeil, O.P., atténue ce que la position de Maréchal en 1908 avait encore de trop rigide.