Dans l'encyclique Fides et Ratio, Jean-Paul II développe un vigoureux plaidoyer en faveur d'un raffermissement du dialogue entre la foi chrétienne et la raison philosophique. L'argumentation du Pape découle d'une conception personnaliste de la révélation. Si la vérité réside en plénitude dans le Verbe incarné, alors il faut une coopération entre la foi et la raison pour élucider le message chrétien et le rendre accessible à toutes les nations. La foi a donc pour mission de s'expliciter elle-même et d'écouter les différentes formes de rationalité qui se développent dans le monde: dans les deux cas, un recours à la raison philosophique s'avère nécessaire. La logique de l'incarnation s'applique à ce dialogue: il faut éviter la confusion et la division. La confusion réside dans l'excès de rationalité qui transforme le message chrétien en une philosophie (c'est le péril de la gnose qui risque toujours de resurgir). La division, quant à elle, apparaît soit quand la foi refuse la rationalité, soit quand la raison se sépare complètement des problèmes du sens. Si la division entre la foi chrétienne et la philosophie s'est installée à l'époque moderne, des signes encourageants d'une reprise du dialogue semblent se dessiner à notre époque.