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Vers des communautés catéchisées et catéchisantes. Une reconstruction de la catéchèse en un temps de crise

Une reconstruction de la catéchèse en un temps de crise

André Fossion s.j.
S'appuyant ce qui se cherche autant que sur les orientations des pasteurs, l'article propose une rénovation de la pastorale catéchétique autour de quatre axes. 1) Considérer les communautés chrétiennes comme telles, et non seulement les personnes et les groupes, comme destinataires de la catéchèse. Celle-ci pourrait être conçue comme une préparation, durant toute l'année liturgique, à la proclamation solennelle de la foi à Pâques. 2) Nécessité d'une catéchèse diversifiée offrant aux groupes et aux personnes un dispositif varié permettant de cheminer. 3) Importance d'une pastorale catéchétique missionnaire revalorisant le catéchuménat et la démarche des «recommençants». 4) Une catéchèse initiale des enfants et adolescents de type initiatique, qui permet de «venir et voir», suscite le désir et suit les sacrements autant qu'elle y prépare.

Depuis une quarantaine d’années, la catéchèse constitue un champ d’innovation, d’expérimentation, de création tout à fait remarquable. Sur le terrain, sous la pression de la vie, de nouvelles formes, de nouvelles modalités d’organisation de la catéchèse sont apparues particulièrement en direction des adultes. Au niveau de l’Église universelle, le magistère s’est fortement engagé dans le renouveau catéchétique. Rappelons quelques étapes de ses interventions : la publication du Directoire Catéchétique Général en 1971, le synode des évêques sur la catéchèse en 1977, l’exhortation apostolique Catechesi Tradendae de 1979, la publication du Catéchisme de l’Église Catholique en 1992 et enfin la publication du nouveau Directoire Général pour la Catéchèse en 1997. De ce point de vue, aussi bien à la base qu’au niveau des pasteurs, on peut affirmer que la catéchèse, dès l’issue du concile Vatican II, est entrée dans une phase de reconstruction. À travers des difficultés et des tâtonnements, c’est à l’émergence d’un nouveau système que nous assistons. Un modèle catéchétique s’en va et un autre s’en vient, même si c’est encore dans l’incertitude, même si les points de repère théoriques ne sont pas toujours bien établis, ni les directives pastorales toujours claires.

Cette créativité remarquable de la catéchèse n’a cependant rien d’assuré ni de triomphaliste. En réalité, elle est le corrélat d’une crise profonde qui affecte de nos jours la transmission de la foi. C’est en effet sur un fond de crise globale de l’initiation chrétienne que la catéchèse se voit contrainte d’inventer. Ce qui est en crise, c’est le système catéchétique hérité du Concile de Trente sous la forme particulière qu’il a prise dans nos pays, depuis Pie X (cf. le décret Quam singulari, 1910), avec l’instauration de la première communion des enfants dès l’âge de raison. Ce système peut être caractérisé de la manière suivante. Il s’agit d’une catéchèse destinée aux enfants et adolescents qui, à l’âge fixé, s’y inscrivent pour se préparer successivement à la première communion, à la profession de foi ou à la confirmation. La catéchèse ici est essentiellement préparatoire aux sacrements, lesquels sont d’ailleurs perçus comme mettant fin à la catéchèse. Réglée sur le rythme scolaire annuel plutôt que liturgique, cette catéchèse propose un parcours identique pour tous. Confiée à un groupe de catéchistes prenant en charge un groupe de catéchisés, elle se déroule souvent de manière cloisonnée par rapport à l’ensemble des activités de la paroisse et de la vie communautaire.

Même s’il porte encore des fruits, ce système classique de la catéchèse connaît des difficultés croissantes, non seulement en raison de ses limites internes, mais surtout en raison de son inadéquation grandissante par rapport à l’évolution socio-culturelle de la société. On connaît les symptômes de cette crise : diminution constante du nombre d’enfants catéchisés, abandon fréquent après la réception des sacrements, manque de motivation des parents, folklorisation des rites religieux de passage, difficulté de trouver des catéchistes, vieillissement de ceux-ci, difficulté d’insertion des jeunes dans les communautés, etc.

Dans ce contexte de reconstruction de la catéchèse en un temps de crise, je voudrais faire ici quatre propositions pratiques que je tenterai de fonder théoriquement. Ces quatre propositions peuvent être envisagées séparément. Mais elles peuvent aussi être prises ensemble comme autant d’axes de passage vers une nouvelle configuration globale de la catéchèse. Ces propositions se veulent réalistes et accessibles. Tout d’abord, parce qu’elles sont déjà en gestation sur le terrain. Ensuite, parce qu’elles font évoluer les choses sans les révolutionner. J’ajouterai encore que ce qui est commun à l’ensemble de ces propositions, c’est de rencontrer de plain pied un des problèmes majeurs de notre monde : le maintien des liens sociaux. Il s’agit, en l’occurrence, de vivre ou de construire des liens d’humanité qui puissent être éprouvés comme autant de lieux d’accueil du lien avec Dieu. Ainsi visent-elles à établir des liens entre les personnes, entre les générations, avec l’environnement socio-culturel, en invitant à reconnaître dans nos alliances humaines le lieu même de notre alliance filiale en Dieu.

I Première proposition. Pour une catéchèse permanente des communautés orientée vers la proclamation de foi à Pâques

Cette première proposition me semble être le levier principal de toute rénovation catéchétique aujourd’hui. Elle consiste à considérer que les communautés comme telles sont destinataires de la catéchèse. Le Directoire Catéchétique Général de 1971 le soulignait déjà : « Dans l’ensemble de l’activité pastorale, écrivait-il, la catéchèse est la forme d’action ecclésiale qui conduit à la maturité de la foi les communautés et les personnes chrétiennes » (§ 21). Et encore : « La catéchèse vise la communauté, mais elle ne néglige pas les fidèles pris individuellement » (§ 31). Ces perspectives — reprises dans les documents ultérieurs de l’Église — contiennent deux affirmations qui me paraissent capitales pour la catéchèse aujourd’hui. Premièrement, la catéchèse ne se limite pas à l’initiation ; il lui revient aussi de conduire à la maturation de la foi. Deuxièmement, cette maturation de la foi ne concerne pas seulement les personnes, mais les communautés comme telles.

La première affirmation ne fait pas d’emblée l’unanimité dans les milieux pastoraux. Certains estiment, en effet, qu’il faut limiter la catéchèse à ce qui est spécifiquement initiation, notamment pour éviter la confusion entre catéchèse et pastorale. Dans cette perspective, la catéchèse constitue en quelque sorte le « noviciat » de la vie chrétienne. Elle est un moment dans lequel on entre, mais dont il faut pouvoir sortir pour entrer dans une vie de foi adulte et responsable. Ce n’est pas cette perspective qui se dégage des textes officiels de l’Église, mais bien celle de la catéchèse permanente destinée à accompagner les croyants tout au long de leur vie. Ainsi, par exemple, comme le souligne Catechesi Tradendae, « personne dans l’Église ne devrait se sentir dispensé de recevoir la catéchèse » (§ 45) ou encore : « Ainsi pour être efficace, la catéchèse doit être permanente et elle serait bien vaine si elle s’arrêtait au seuil de l’âge mûr puisque sous une autre forme assurément, elle se révèle non moins nécessaire aux adultes » (§ 43). Notons qu’en adoptant cette position, l’Église se met aussi au diapason de la société actuelle qui promeut l’idée de formation continuée et permanente des citoyens1.

La deuxième affirmation qui rend la communauté destinataire de la catéchèse, constitue un déplacement considérable par rapport aux représentations et pratiques habituelles. Elle invite à dépasser une catéchèse qui se limite aux enfants et aux adolescents et qui se déroule, de manière bien circonscrite, dans la communauté — en fait, bien souvent, en marge de la communauté — pour aller vers une catéchèse qui s’étend à la communauté comme telle.

Comment concevoir en pratique cette catéchèse pour les communautés ? Il s’agirait de mettre en place des formules catéchétiques communautaires2, et donc intergénérationelles, ouvertes librement à tous les membres de la communauté, de tous âges. Chacun sait, à cet égard, combien, justement, dans le cadre de la réflexion contemporaine sur la transmission, ce souci du lien entre les générations est important.

Il va de soi que cette catéchèse communautaire pourra donner lieu à une organisation plus ou moins forte. Ce pourrait être modestement un ensemble d’initiatives relativement ponctuelles, ou plutôt un plan programmé au niveau paroissial ou interparoissial. Concrètement, la communauté pourrait se choisir un thème par année, qu’elle approfondirait tout au long du cycle liturgique par un ensemble de moyens qui la tiendraient en éveil. Ces moyens peuvent être des « temps forts » où la communauté est invitée à se rencontrer, durant une matinée ou une journée, pour un temps de réflexion, de convivialité et de célébration. Ce peut être aussi un cycle de conférences, des groupes de réflexion, un pèlerinage ou une marche communautaire, une exposition artistique, des panneaux dans l’église, des recommandations de lecture, etc. Toutes ces activités offertes à tous durant l’année liturgique seront orientées vers la proclamation de foi de la communauté lors de la veillée pascale et le jour de Pâques. Il s’agirait dans cette optique de remettre en valeur la profession de foi pascale de l’ensemble de la communauté par une catéchèse communautaire qui la prépare et la suit. En d’autres termes, la dynamique de la catéchèse communautaire irait de pair avec une solennisation de la proclamation de foi de toute la communauté à Pâques.

Bien entendu, tous et toutes dans la communauté, pour des motifs parfaitement légitimes, ne participeront pas à toutes les initiatives de catéchèse communautaire qui seront offertes. La participation, par principe, sera libre et, forcément, à géométrie variable selon les personnes, les moments et les propositions concrètes. Mais l’essentiel n’est pas dans le nombre. Sans créer de communauté à double vitesse, l’objectif est de mettre la communauté en mouvement pour le bénéfice de tous et au profit du dynamisme de l’ensemble. Les communautés ainsi catéchisées deviendront, par le fait même, davantage catéchisantes, c’est-à-dire des communautés mûres dans la foi, conscientes de leur responsabilité catéchétique, capables de soutenir l’engendrement dans la foi de ceux et celles, enfants, jeunes et adultes, qui l’approchent ou qu’elles côtoient.

II Deuxième proposition. Pour une catéchèse diversifiée offrant aux personnes et aux groupes un dispositif varié leur permettant de cheminer

Cette deuxième proposition est en étroite connexion avec la première. Car les formules de catéchèse communautaire favoriseront en même temps l’émergence de catéchèses spécifiques et diversifiées. Et réciproquement, d’ailleurs.

Cette diversification de la catéchèse est aujourd’hui une nécessité incontournable imposée par les faits. Le cheminement des personnes, leur milieu de vie, leurs racines culturelles ou ethniques, leurs questions et leurs aspirations sont tellement divers que l’on ne peut proposer aujourd’hui un parcours unique. C’est vrai pour les adultes comme pour les enfants. Ainsi, par exemple, des adultes se présentent aujourd’hui pour être confirmés. Ou encore, des enfants ou adolescents, avec des antécédents familiaux, culturels et religieux très divers, arrivent de plus en plus nombreux à la catéchèse sans être baptisés. Ainsi, pour les uns et les autres, est-on forcé de créer des parcours spécifiques adaptés à leur situation.

Aussi, le défi, pour les communautés chrétiennes d’aujourd’hui, est-il de mettre en place des formules catéchétiques variées qui s’accordent le mieux aux conditions et aux aspirations des gens. Et cela, bien entendu, dans un esprit de service. La question, en effet, n’est pas de « conformer » les gens à un modèle établi de la foi, mais de leur offrir un dispositif varié dans lequel ils pourront se mouvoir, sur lequel ils pourront s’appuyer pour grandir et cheminer librement dans la foi.

Dans cette optique, on peut distinguer plusieurs axes de diversification.

– Il y a des catéchèses qui varient selon leur fonction : éveil, initiation, recommencement ou maturation. Les catéchèses d’éveil et d’initiation, comme dans le catéchuménat, par exemple, se situent au lieu où l’adhésion de foi et l’insertion dans la communauté chrétienne prennent forme. Les catéchèses de recommencement ou de réinitiation s’offrent aux personnes qui souhaitent redécouvrir la foi de nouvelle façon, d’une autre manière. Celles de maturation s’adressent aux chrétiens assurés dans la foi pour un approfondissement de celle-ci : approfondissement qui, notons-le, consistera souvent, en raison du contexte culturel présent, à se retremper dans des questions premières là où la foi se ressaisit dans son surgissement.

– D’autres catéchèses varient selon les dimensions de la vie chrétienne (croire / célébrer / vivre ; foi / espérance / charité). Certaines, en effet, sont plutôt centrées sur l’intelligence de la foi (groupes bibliques, cycles de conférences ou de formation) en rapport avec des questions culturelles. D’autres sont axées sur la liturgie et les sacrements en rapport avec les circonstances de la vie. D’autres encore sont davantage tournées vers l’éthique, les valeurs du Royaume et l’action dans le monde en rapport avec les défis d’humanisation de la société.

– D’autres varient selon la sensibilité des personnes. Ainsi peut-on distinguer celles qui mettent la foi en travail à partir de diverses entrées : culturelle, émotionnelle, communautaire ou éthique3.

– Enfin, il y a des catéchèses qui varient selon leurs modalités techniques et organisationnelles : catéchèses entre pairs ou intergénérationnelles ; individuelles, par petits groupes ou en grands groupes ; de courte ou de longue durée ; locales ou en réseau, etc.

À chaque communauté paroissiale, il reviendra de tracer son chemin à travers toutes ces possibilités. Elle ne pourra tout faire mais, au besoin, elle pourra s’allier avec d’autres communautés4 pour constituer des ensembles plus vastes et offrir un dispositif catéchétique plus fourni.

III Troisième proposition. Pour une catéchèse des commençants et des recommençants dans la foi, ouverte à l’environnement social

Tout le dispositif catéchétique, surtout dans le monde contemporain, est appelé à participer étroitement à la mission d’évangélisation aussi bien dans son esprit que dans son organisation. Notre troisième proposition — qui concerne le catéchuménat des adultes et l’accompagnement des recommençants — incarne tout particulièrement ce souci de la mission et l’ouverture de la catéchèse à l’environnement social.

« Les évêques doivent s’efforcer de restaurer et d’aménager le catéchuménat des adultes ». Ainsi s’exprimait, il y a près de 40 ans déjà, le concile Vatican II5. Cette revalorisation du catéchuménat des adultes est évidemment fondamentale dans une cité séculière qui s’est émancipée de la tutelle cléricale et où la religion n’exerce plus le rôle de fondement et d’encadrement social. Dans cette cité séculière, la foi chrétienne comme aussi le baptême des petits enfants ne vont plus de soi comme en période dite de « chrétienté ». La foi chrétienne et la demande baptismale sont aujourd’hui de plus en plus le fruit d’un assentiment personnel, d’une adhésion libre, éprouvée comme salutaire, comme bonne pour la vie, à travers parfois de longs cheminements, hésitations, parcours et détours. Le catéchuménat s’efforce de rejoindre cette condition pèlerine de nos contemporains en se mettant au service de l’engendrement de cette foi libre et personnelle. Ainsi, au cœur de la cité séculière, le catéchuménat entend offrir des espaces de rencontre, d’échange et de dialogue pour permettre aux citoyens qui le souhaitent de cheminer dans la foi et vers le baptême avec l’appui amical de chrétiens.

La catéchèse des recommençants est tout aussi décisive. Elle vise à réouvrir la possibilité de croire nouvellement et autrement, au-delà du contentieux qui a séparé l’Église et la modernité. Nous avons une dette, en effet, à l’égard des baptisés, très nombreux, qui se sont éloignés de la pratique liturgique ou de la foi chrétienne elle-même. Un certain nombre s’en sont écartés par ignorance, par négligence ou par conformisme. Mais beaucoup ont pris distance à l’égard de l’Église, lassés par un christianisme qu’on leur présentait, qui ne les faisait plus vivre et dont ils ont dû se libérer pour grandir en humanité. En vertu de la dignité et de la solidarité baptismales, tous gardent un droit de parole inaliénable au sein de l’Église. Avec eux, il nous faut construire des espaces d’échange — et, disons-le, de pardon — où ensemble, nous pourrons redécouvrir la fraîcheur de la Bonne Nouvelle au-delà des obstacles qui se sont accumulés pour l’assombrir et en détourner. Pour nous et pour tous ceux qui seraient disposés à entamer un parcours de recommencement autre dans la foi, il faudrait, comme l’écrivait tout récemment un évêque émérite espagnol, Monseigneur Rafael Sanus Abad, « alléger le bagage intellectuel et historique de l’Église en le déchargeant de nombreuses traditions, normes, fausses sécurités, théologies caduques et bureaucratisation excessive »6.

Dans le concret, le catéchuménat des adultes et les espaces de recommencement dans la foi existent déjà mais, embryonnaires, ils relèvent encore d’une pratique d’exception ou de rattrapage. Le défi qui se pose à nous est, au contraire, de faire du catéchuménat et du recommencement dans la foi une catéchèse ordinaire, habituelle et coutumière.

À cette fin, deux conditions au moins peuvent être énoncées. La première, c’est de promouvoir une pastorale d’insertion culturelle. L’objectif de cette pastorale est d’ouvrir largement le trésor de la tradition chrétienne dans le champ culturel (écoles, universités, médias, arts, loisirs, etc.), pour que les uns et les autres puissent le connaître, se l’approprier librement et en faire une « part séminale »7 de leur existence, que ce soit dans la foi ou non. La seconde condition est de conscientiser et d’éduquer les communautés chrétiennes à l’esprit et à la pratique du catéchuménat et du recommencement dans la foi. Cet esprit consiste à se porter vers les autres, à se mêler à la vie des gens, à prendre part à leur conversation, à partager leurs joies et leurs peines, dans une optique d’hospitalité réciproque et de bienveillance mutuelle où les uns et les autres donnent et reçoivent ce qu’ils ont de meilleur. Mais cet esprit ne suffit pas. Il faut aussi une politique d’information publique et de formation des chrétiens. Il importe donc que l’on sache, dans le champ public, qu’il est possible de devenir chrétien et de recevoir le baptême à tout âge. Que les chrétiens, de leur côté, sachent en quoi consiste le catéchuménat : son fonctionnement, ses étapes, son importance pour le monde d’aujourd’hui. Qu’ils soient capables aussi de donner de bons conseils, de communiquer les bonnes adresses et aussi de prendre part à l’accompagnement de nouveaux croyants ou des recommençants dans la foi. Il importe enfin que toute la communauté chrétienne se rende solidaire des catéchumènes et des recommençants, qu’elle prie pour eux, qu’elle participe aux célébrations qui rythment leur cheminement et qu’elle reçoive d’eux le témoignage de la fraîcheur toujours nouvelle de l’Évangile.

IV Quatrième proposition. Pour une catéchèse initiale des enfants et des adolescents qui soit de type initiatique

Cette quatrième proposition concerne le domaine auquel on pense spontanément en premier lorsqu’il est question de catéchèse. Effectivement, la tâche d’initiation à la foi des enfants et des adolescents demeure une exigence première. Les trois propositions précédentes ne diminuent en rien cette exigence. Au contraire, elles l’accentuent mais en la recadrant et en l’infléchissant de manière significative. Je voudrais noter ici cinq orientations pour l’initiation des enfants et des adolescents qui trouvent leur inspiration dans la pratique catéchuménale, « modèle de toute catéchèse »8. L’enjeu est de donner une forme véritablement initiatique à l’initiation chrétienne des jeunes générations.

Tout d’abord, on veillera à ce que la catéchèse des enfants et des adolescents vienne s’adosser à la catéchèse de la communauté — dont nous avons parlé plus haut —, de telle sorte qu’elle soit nourrie du contact avec une communauté adulte qui croit, vit et célèbre. Ainsi les enfants et les adolescents comprendront-ils et vivront-ils leur catéchèse en réalisant qu’elle prend place, parmi d’autres et avec d’autres, dans un dispositif catéchétique offert à tous et à toutes selon des modalités variables.

Deuxième orientation. Il nous semble qu’il faut favoriser des méthodes d’apprentissage par immersion. La catéchèse, bien sûr, comportera toujours un aspect d’enseignement et d’instruction. À cet égard, elle a largement profité et doit encore profiter de toutes les ressources de la didactique d’origine scolaire. Mais ces pratiques didactiques ne suffisent pas9. Il ne suffit pas, en effet, d’enseigner des savoirs et de rendre le christianisme compréhensible. Encore faut-il le rendre désirable. Et sur ce point, le détour par le voir, le toucher et le sentir est nécessaire. Une transmission initiatique de la foi prend tout l’être. Elle lui fait vivre une expérience en l’immergeant dans une réalité à vivre : immersion communautaire, immersion liturgique, immersion dans l’action pour un monde plus humain. C’est une pédagogie du « venez et voyez », de l’expérience dont on recueille ensuite les fruits. Dans cette optique initiatique, le (la) catéchiste n’est pas seulement un enseignant, un animateur, un témoin de la foi et des valeurs chrétiennes, il est aussi appelé à être un « médiateur », un « passeur » : celui qui montre et fait voir, celui qui fait découvrir un milieu, met en relation, établit des liens personnels en favorisant ainsi l’émergence d’un sentiment gratifiant d’appartenance à une communauté qui vit de l’Évangile. Le (la) catéchiste, en ce sens, est celui (celle) qui, par sa médiation, permet à la communauté d’être catéchisante.

Troisième orientation. Il convient de miser sans peur ni détour sur la liberté des enfants et des adolescents dans leur cheminement de foi. On se lamente souvent lorsque beaucoup d’adolescents prennent leur liberté au terme de leur initiation en abandonnant toute pratique. On les taxe d’infidélité ou de légèreté alors qu’eux, de leur côté, ont le sentiment de s’émanciper de leur enfance et de grandir. Aussi, mieux vaut favoriser l’exercice de la liberté dès le départ du processus initiatique. Abandonnons, à cet égard, les âges fixés à l’avance pour telle ou telle étape d’initiation. Mais faisons en sorte que si l’enfant communie, si l’adolescent proclame sa foi ou reçoit la confirmation, que ce ne soit point parce que l’âge est arrivé mais parce que son désir a mûri et qu’il en a fait librement la demande. Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas d’attendre passivement que le désir naisse ; ce serait d’ailleurs négliger les enfants issus de familles culturellement démunies. Non, il faut aussi provoquer le désir en offrant systématiquement des catéchèses par tranches d’âge. Mais à travers ce qui sera offert, il faudra veiller à ce que chaque enfant ou adolescent, en lien avec ses pairs dans une dynamique de groupe et en contact avec des adultes, advienne à son propre désir et détermine lui-même le moment opportun de franchir telle ou telle étape de son initiation.

Quatrième orientation. En rejoignant la tradition de la catéchèse mystagogique, il conviendrait de prévoir dans le processus d’initiation autant une catéchèse qui suit les sacrements qu’une catéchèse qui y prépare. Rappelons-nous aussi que, dans la pratique catéchuménale des premiers siècles, la communauté tout entière était invitée à prendre part à la catéchèse mystagogique des néophytes. C’était pour la communauté une manière d’accueillir les nouveaux baptisés comme aussi d’entrer, avec eux et grâce à eux, dans une catéchèse permanente. Il nous semblerait très opportun, à cet égard, de favoriser aujourd’hui des catéchèses mystagogiques (post-sacramentelles ou post-profession de foi) qui, précisément, auraient pour caractéristiques d’être intergénérationnelles, de mettre en dialogue des jeunes et des adultes pour un témoignage mutuel dans la foi. Les adultes, d’ailleurs, en tireraient autant de bénéfice que les jeunes.

Cinquième orientation enfin. La catéchèse des enfants et des adolescents ne doit pas être circonscrite au seul niveau paroissial local. Ce niveau, certes, est essentiel ; c’est là que la communauté chrétienne prend un visage concret et familier. Rappelons-nous toutefois que, comme dans le catéchuménat, ce n’est pas la communauté locale seule qui engendre à la foi, mais bien l’Église diocésaine où elle s’inscrit et, à travers elle, l’Église universelle. De là l’importance, dans la démarche catéchuménale, de l’appel décisif par l’évêque ou encore du lien à celui-ci dans le sacrement de confirmation. Dans cette optique, il importe que la catéchèse des enfants et des adolescents, tout en se faisant de manière locale, se branche sur des mouvements ou réseaux (Taizé, JMJ, MEJ, etc.) qui débordent le local, a fortiori lorsque les ressources locales font défaut. À une époque de mondialisation, la catéchèse, en effet, ne peut manquer de faire éprouver aux jeunes générations la diversité et l’étendue de la communauté chrétienne, non point seulement de manière théorique par des informations, mais aussi de manière pratique par des participations à des initiatives, notamment interparoissiales, ou à des réseaux qui mettent en contact et créent des liens au-delà du local.

Nous ne voudrions pas terminer cette quatrième proposition sur l’initiation chrétienne des enfants et des jeunes sans évoquer la question de la confirmation au sein du processus initiatique. Faut-il revenir à l’ordre traditionnel — baptême, confirmation, eucharistie — comme dans le catéchuménat ? Ou faut-il avaliser la tradition, d’ailleurs récente, qui fait de la confirmation le sacrement du don de la liberté et de l’engagement dans la foi clôturant l’initiation chrétienne ? Cette question, étrangement, n’est pas abordée par le dernier Directoire Général de la Catéchèse. D’une part, le Directoire fait du catéchuménat une source d’inspiration de toute catéchèse ; mais d’autre part, il ne semble pas toucher à la pratique la plus courante qui situe la confirmation après l’Eucharistie. D’aucuns pensent qu’il faudrait revenir à l’ordre traditionnel, notamment pour des motifs œcuméniques, en renouant avec une théologie qui insiste sur le caractère gratuit du don de l’Esprit attaché au baptême lui-même. D’autres10 estiment, au contraire, que si la confirmation a pris une place et des significations qu’elle n’avait pas à l’origine dans le processus initiatique, ce n’est pas une raison pour les rejeter puisque ces significations sont le fruit, dans l’Esprit, du dynamisme de la vie ecclésiale. Pour notre part, il nous paraît effectivement inopportun de revenir à l’ordre traditionnel des sacrements d’initiation sauf, bien entendu, dans le cas du catéchuménat des adultes. En dehors de ce cas, la confirmation, pourvu qu’elle ne soit pas fixée à un âge déterminé, nous semble pouvoir clôturer l’initiation chrétienne en signifiant opportunément le don de la liberté du chrétien, surtout dans un contexte culturel où beaucoup se demandent si l’on peut être à la fois chrétien et pleinement libre. Mais en toute hypothèse, que l’on revienne ou non à l’ordre traditionnel des trois sacrements de l’initiation, il serait bien de revaloriser la profession de foi, communautaire et individuelle, à Pâques. Cette profession de foi pascale, par nature, se répète et pourrait donc être davantage solennisée, au sein de la communauté, par les personnes qui le souhaitent lorsqu’elles ont à faire face à divers tournants ou épreuves de leur vie (début des études supérieures, entrée dans la vie professionnelle, changement de métier, mise à la retraite, séparation, deuil, etc.) et cela avec l’appui d’un accompagnement catéchétique adapté.

V Un concept élargi mais précis de la catéchèse

La mise en œuvre des quatre propositions que nous avons avancées suppose une définition large, mais cependant précise, de la catéchèse. Pour conclure, proposons une définition qui comporte également quelques implications pour la pratique.

  • Avec le kérygme, l’homélie et la théologie, la catéchèse appartient à la fonction prophétique de l’Église.

  • Elle est une activité de parole sur la foi et sur la vie chrétiennes,

  • dialoguée,

  • inscrite dans un processus pédagogique réfléchi et balisé,

  • ainsi que dans un dispositif institué et organisé,

  • dont le but est de permettre aux personnes (enfants, jeunes et adultes) ainsi qu’aux communautés, de découvrir, comprendre et s’approprier librement, que ce soit de manière initiale ou approfondie, le message chrétien dans ce qu’il a d’essentiel et d’organique (croire/vivre/célébrer) et de contribuer ainsi à l’édification d’une communauté de chrétiens libres (confirmés), rassemblée du milieu du monde et à son service au nom de l’Évangile.

Cette définition est large mais précise. Elle ne confond pas la catéchèse avec la pastorale dont elle fait cependant partie. Tout, en effet, dans l’Église, n’est pas catéchèse. Mais si tout n’est pas catéchèse, celle-ci néanmoins a rapport à tout et réciproquement tout dans l’Église peut avoir une fonction catéchétique. Une homélie, un livre de théologie, un mouvement d’action sociale, une célébration des funérailles peuvent avoir une fonction catéchétique sans être formellement une catéchèse. Et la catéchèse, de son côté, en rapport avec tout, en faisant découvrir le milieu ecclésial, permet à ce milieu d’être catéchisant. On peut comprendre dès lors l’appel du nouveau Directoire à une meilleure concertation au sein de la communauté chrétienne pour que l’activité catéchétique dans la diversité de ses formes soit véritablement articulée à une pastorale d’ensemble, et que les diverses pastorales soient conscientes de leur responsabilité et de leurs effets catéchétiques. « Comme toute action susceptible d’avoir une répercussion dans l’Église participe au ministère de la parole et que la catéchèse est toujours en relation avec l’ensemble de la vie ecclésiale, il en résulte pour l’action catéchétique, la nécessité d’une coordination avec l’action pastorale d’ensemble… Il est donc nécessaire d’associer la catéchèse aux autres activités pastorales, c’est-à-dire aux mouvements biblique, liturgique, œcuménique, à l’apostolat des laïcs, à l’action sociale, etc. Il faut bien voir en outre que cette coopération est nécessaire dès le début, dès le moment où l’on ébauche des études et des plans d’organisation du travail pastoral » (DGC § 129).

Cette définition large de la catéchèse que nous avons énoncée, indique aussi un ensemble d’exigences pour l’Église en matières d’information et de formation. Il y a, tout d’abord, l’information du grand public, pour qu’il sache que la catéchèse ne se limite pas à l’enfance et que l’on peut être baptisé ou confirmé à tout âge. Il y a aussi la conscientisation de l’ensemble de la communauté chrétienne à ce qu’est la catéchèse, aux formes qui lui sont proposées et à ses responsabilités, notamment à l’égard des jeunes générations. Il y a encore la formation des catéchistes qui sont, à la fois, comme on l’a vu plus haut, témoins, enseignants, animateurs et aussi médiateurs. Il y a enfin la formation de cadres, c’est-à-dire de personnes qui sont capables de concevoir, pour un milieu donné, une organisation efficace de la catéchèse en ses différents aspects, en articulation avec une pastorale d’ensemble.

Nous venons de prononcer le mot « efficacité ». Celle-ci concerne la qualité du service rendu aux personnes dans leur cheminement de foi. Mais ce souci d’efficacité ne pourrait évidemment se confondre avec une quelconque volonté de puissance sur les personnes ou de maîtrise sur la transmission de la foi. Car, en catéchèse, il n’y a pas de solution miracle. On peut veiller, le mieux que l’on peut, aux conditions qui rendent la foi possible, compréhensible, désirable. Mais la transmission de la foi elle-même n’est pas en notre pouvoir. En ce sens, un nouveau croyant ou un recommençant dans la foi sera toujours une surprise et non l’objet d’une conquête ou le produit de nos efforts. « Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme qui jette la semence en terre, qu’il dorme ou qu’il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment » (Mc 4,26-27). Il nous faut semer et semer largement, avec une organisation efficace. Mais inutile de préjuger des fruits, de noyer les pousses ou de tirer sur les feuilles. Semer, c’est ouvrir avec nos contemporains une histoire commune sans en maîtriser l’issue. Ainsi sommes-nous appelés à mettre en œuvre des plans catéchétiques audacieux avec une rigueur d’autant plus grande qu’elle sera animée d’un esprit de joyeuse démaîtrise. Ce que nous avons à vivre tout simplement dans la catéchèse, c’est une exquise sollicitude envers chacun et chacune. Cette sollicitude envers tout autre et notre dévotion à Dieu — tel est notre témoignage — sont comme le recto et le verso d’une même page.

Bibliographie

  • Aerens L., La catéchèse de cheminement. Pédagogie pastorale pour mener la transition en paroisse, coll. Pédagogie catéchétique, Bruxelles, Lumen Vitae, 2002.

  • Derroitte H., La catéchèse décloisonnée, coll. Pédagogie catéchétique, Bruxelles, Lumen Vitae, 2000.

  • Fossion A., La catéchèse dans le champ de la communication, coll. Cogitatio fidei 156, Paris, Cerf, 1990.

  • Fossion A., Dieu toujours recommencé. Essai sur la catéchèse contemporaine, coll. Théologie pratique, Paris / Montréal / Bruxelles, Cerf / Novalis / Lumen Vitae, 1997.

  • Houtevels-Minet R., Il nous parlait en chemin. La catéchèse paroissiale. Communauté, parole, chemin, coll. Pédagogie catéchétique, Bruxelles, Lumen Vitae, 1999.

  • Routhier G., Le devenir de la catéchèse, Paris / Montréal, Médiaspaul, 2003.

  • Théologie, mission et catéchèse, éd. H. DERROITTE, coll. Théologie pratique, Montréal / Bruxelles, / Novalis / Lumen Vitae, 2002.

  • Villepelet D., L’avenir de la catéchèse, Paris / Bruxelles, L’Atelier / Lumen Vitae, 2003.

  • Villers M., « D’une catéchèse de transmission à une catéchèse d’initiation », dans Lumen Vitae 2001, 75-96.

Notes de bas de page

  • * Mgr Jozef De Kesel, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, a choisi ce texte comme base pour ses « Orientations pour la catéchèse à Bruxelles » (cf. http://www.catho.Be/bxl/services/auxparoisses/catechese/orientations.html), texte déjà diffusé dans le numéro de juin 2004 de « Chemins d’Évangile », p. 6-14.

  • 1 Prenons acte, par exemple, d’un décret tout récent de la Communauté Française de Belgique rendant obligatoire la formation en cours de carrière de tous les enseignants.

  • 2 Ces formules catéchétiques communautaires sont parfois appelées familièrement « caté-tous ».

  • 3 Nous reprenons ici les catégories de la sociologue Hervieu-Léger D. dans son ouvrage Le pèlerin et le converti, Paris, Flammarion, 1999, p. 72-78.

  • 4 Borras A. souligne à ce propos le rôle fédérateur que peut jouer la catéchèse entre diverses paroisses : « La collaboration interparoissiale, souvent entamée depuis plus de deux décennies, s’est en général portée — en tout cas en France et en Belgique — sur l’action catéchétique à entreprendre par et avec les communautés paroissiales qui n’étaient plus en mesure d’accomplir isolément leur mission en tant que “paroisses”. La plupart du temps, c’est l’action catéchétique qui a été le premier terrain de collaboration » (Borras A., « Nouvelles paroisses et nouvelle catéchèse. Comment la catéchèse peut-elle soutenir le redéploiement paroissial ? », dans Lumen Vitae 2003, 404).

  • 5 Décret Christus Dominus sur la charge pastorale des évêques, § 14.

  • 6 Sanus Abad R., « Decadencia y futuro », dans El País, 21 décembre 2003, p. 16.

  • 7 Selon une expression de M. Gauchet. « La culture chrétienne, écrit-il, est une part séminale de notre culture, il est impossible de l’ignorer. Il en résulte des titres éminents et une insertion privilégiée pour les institutions où elle se perpétue » (Gauchet M., « Service public, pluralisme et tradition chrétienne dans l’éducation », dans Exposant neuf, hors série, juin 2002, n° 1, p. 9).

  • 8 – « Le modèle de toute catéchèse est le catéchuménat ; une formation de l’adulte converti à la foi qui le conduit à la profession de foi baptismale au cours de la veillée pascale » (« Message au Peuple de Dieu », dans Réalités et avenir de la catéchèse. Principaux documents du synode des évêques, Rome 1977, Paris, Centurion, 1978, p. 117).– « La catéchèse post-baptismale, sans se calquer sur la configuration du catéchuménat baptismal, et en reconnaissant aux catéchisés leur état de baptisés, fera bien de s’inspirer de cette “école préparatoire à la vie chrétienne”, en se laissant féconder par les principaux éléments qui la caractérisent » (Congrégation pour le clergé, Directoire Général pour la Catéchèse [DGC], Bruxelles / Paris, Lumen Vitae / Cerf, 1997, § 90).

  • 9 Le cours de religion à l’école met principalement en œuvre cette approche didactique de la foi chrétienne.

  • 10 Notamment Bourgeois H. qui écrit : « Être confirmé, c’est recevoir de Dieu un nouvel appel à vivre la libération, selon les domaines où chacun se sent sollicité. Aujourd’hui, ce signe n’est-il pas indispensable dans une Église à qui il arrive d’oublier qu’elle est libérée et libératrice et dans une monde où l’opinion, le conformisme et l’individualisme un peu replié sur lui-même ne favorisent guère l’autonomie, l’imagination et la créativité ? » (Bourgeois H., « La confirmation des adultes », dans Lumen Vitae 1996, 307).

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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