Les Actes de l'Apôtre Philippe (APh) ont été publiés par
les soins des mêmes éditeurs, en 1996, en collection de poche, chez
Brepols déjà, et en 1997 dans la Bibliothèque de la Pléiade. Ces
publications successives ont permis de peaufiner l'ouvrage, qui
prend ici place dans la Series Apocryphorum dirigée par
J.-D. Kaestli. L'avant-propos de Fr. Amsler présente le patient
décryptage de cette oeuvre collégiale portée avec Fr. Bovon et B.
Bouvier. Tous trois avaient précédemment traduit ou édité les APh.
Ces Acta, dont ont disparu l'essentiel des Actes II et III et la
totalité des Actes IX et X, comprennent 15 sections et le récit du
martyre; ils datent probablement du 4e ou du 5e siècle et sont
conservés en grec. Une substantielle introduction (40 p.) signale
entre autres que les éditeurs ont pu, et à plusieurs reprises,
consulter sur place les manuscrits de référence. Les deux
principaux mss - les mss A (le Xenophontos 32, découvert en 1974 au
Mont Athos par Fr. Bovon et B. Bouvier; le texte est traduit par
leurs soins) et V (le Vaticanus graecus 824, édité jadis par M.
Bonnet, est ici traduit pour la première fois en français par Fr.
Amsler) - sont présentés ici de manière synoptique. Relevons ces
titres étonnants donnés au Christ: «notre bon intendant» (II,13),
«médecin de notre homme intérieur» (III,4), «chambre secrète de
ceux qui prient» (XIII,5)! Les nombreux index (140 p.) sont
reportés en fin du 2e volume: index scripturaire, onomastique, des
textes et auteurs anciens, des manuscrits, et finalement index des
mots grecs. Fr. Amsler se charge seul du commentaire des APh.
Minutieusement, il s'attache à proposer plan, structure et analyse
narrative, tradition manuscrite des chapitres, ainsi que le rapport
des APh avec le donné biblique. Il montre comment ils témoignent
d'un christianisme intransigeant (chap. I), tout en présentant des
prières qui révèlent une âme éprise de mystique (III,4). Trois
excursus clôturent l'ouvrage: le premier, qui présente des
témoignages anciens sur Philippe, aboutit à la conclusion qu'il
n'est plus possible de savoir de quel Philippe il est question:
l'apôtre ou un autre personnage (p. 465); le deuxième consacre 50
p. à montrer jusqu'à quel point les APh se rattachent au courant
encratiste, prônant la continence sexuelle et alimentaire. Ce
mouvement manifeste une structure ecclésiale propre, avec son
clergé et ses pratiques. Les APh, même s'ils développent des thèmes
encratistes, sont plutôt de caractère composite (p. 519). Le
troisième excursus s'attache à décrire le cadre dans lequel se
déroulent les Actes de Philippe. Par la qualité de leur travail et
la précision de leurs investigations, les éditeurs apportent une
aide substantielle à la compréhension du genre littéraire
«apocryphe» et d'une page de l'histoire de l'Église. - Ét.
Rousseau.