Bavarois de naissance, I. Kögler passa les trente dernières années
de sa vie en Chine, occupant des fonctions importantes au Bureau
astronomique impérial; il fut également, par deux fois, visiteur de
la province jésuite de Chine et du Japon, tandis que ses fonctions
au service de trois empereurs lui permirent plus d'une fois
d'intercéder en faveur de missionnaires ou de chrétiens chinois,
alors que se poursuivait l'interminable «querelle des rites». Cette
thèse d'histoire présentée à Mayence par une historienne chinoise
se fonde pour une large part sur l'exploitation de fonds d'archives
et de bibliothèques en Chine (47-58). L'auteur se donne pour
objectif de compenser partiellement une triple lacune dans
l'histoire des relations culturelles entre la Chine et l'Europe: la
période 1725-1773 a été moins étudiée que le siècle précédent;
l'oeuvre des jésuites allemands l'a été moins que celle de leurs
confrères français; les activités scientifiques et les
préoccupations politiques ont en général reçu moins d'attention que
les questions religieuses. Or, le missionnaire jésuite prit part à
la réforme du calendrier ainsi qu'à la conception et la réalisation
de nouveaux instruments astronomiques, obtenant le grade très envié
de «mandarin de 2e rang». Une recherche documentée, minutieuse,
parfois technique, mais qui met en relief le rôle souvent paradoxal
de missionnaires devenus des experts scientifiques au service d'un
gouvernement lointain. - J. Scheuer