Ce livre est à la fois pédagogique et provocateur. Il rend compte
avec un talent certain de débats complexes dans ces nouvelles
questions bioéthiques. Il prend position avec courage, lucidité. Le
ton paisible de la réflexion ouvre le champ de la réflexion pour
tout lecteur de bonne volonté: la provocation est interpellation de
la raison et, nous l'espérons, du coeur également. Le débat est à
la fois moral et philosophique. Moral: le progrès de la science et
de la médecine doit beaucoup à certaines «transgressions». En
bioéthique, n'existe-t-il pas certaines transgressions illégitimes?
Philosophique: quel peut être le critère d'action permanent pour
poser un jugement sur une grande variété d'expérimentations et de
recherches sur l'homme et particulièrement l'embryon humain? L'A.
détermine que la notion de «personne» est cruciale pour analyser
les pratiques médicales contemporaines. Choisir la vie (III), c'est
mettre la «personne» au centre: l'intelligence et le coeur y sont
comme «ordonnés». La science y découvre son horizon véritable. La
vie humaine est toujours spécifique, différente de celle des arbres
et des animaux (VIII). La personne est toujours un «sujet de droit»
incontournable.Les différentes pratiques sont analysées avec
profondeur et réalisme à l'aune de ce critère. Les contradictions
et les dérives sont déployées avec finesse: elles éclairent les
enjeux de nos sociétés. Ce n'est pas le moindre mérite de ce livre
que de montrer au lecteur la responsabilité de l'homme vis à vis de
tout homme. L'humanité est plus proche de nous que nous le pensons
souvent et elle joue sa «vie» dans le refus du clonage (II), le
respect de l'embryon (III), le renoncement à l'instrumentalisation
de la naissance (DPI et PMA: IV), dans les demandes faites à la
médecine (V), dans l'illusion d'une toute puissance réparatrice
(VI), dans le choix de sa mort ou de celle d'autrui (VII), dans le
respect de la science et son lien avec la dignité humaine (IX). Les
annexes fournies sont utiles (le code de Nuremberg, le serment
d'Assaph, la prière de Maïmonide).
Voilà un livre qui, sans verser dans une logique militante, énonce
clairement la position intelligente de l'A. et fournit au lecteur
des repères pour poser lui aussi, un jugement éclairé. S'il faut
exercer un «esprit critique» vis à vis de la bioéthique (I), c'est,
comme pour toute activité humaine, parce qu'elle engage l'homme
au-delà de lui-même vis-à-vis d'autrui et de Dieu. L'A., docteur en
philosophie, est aussi un homme d'action, puisque engagé
politiquement. Ces qualités lui permettent de nous offrir des
arguments réflexifs intéressants dans un langage adéquat et adapté.
Il nous invite à assumer ces questions en les rapprochant de ce qui
est commun à tout lecteur: son humanité et le respect qu'elle
suscite en toutes circonstances. - A. Mattheeuws sj