Un livre bouleversant en raison du sujet traité, car il nous plonge
dans le monde de la souffrance qui geint ou qui crie. En raison
aussi de la manière d'écrire de l'A., professeur de philosophie à
l'Univ. catholique d'Angers, qui n'hésite pas à nous faire toucher
et sentir les blessures tant intimes que sociales dans une
réflexion sans concession, à la fois phénoménologique et
métaphysique. L'A. de Une politique de la fragilité (Cerf
2004) et Organiser la résistance sociale (Lyon 2005)
atteint ici une profondeur peu commune.Sa réflexion parcourt trois
étapes. Dans la première, il part de l'expression de la plainte et
en cherche la signification secrète. Il s'avère que le partage de
ce qui fait mal libère le coeur de l'éprouvé, qui se situe entre
authenticité et sincérité avant la phase de mutuelle
reconnaissance. Dans un deuxième temps qui traite davantage de la
souffrance provenant de l'injustice sociale, il s'interroge sur la
place du moi: peut-on s'oublier pour ne songer qu'à l'autre, se
blesser pour secourir? Où est la vraie solidarité: se résigner, se
révolter, s'obstiner? Un troisième pas étudie l'éthique de la
parole dans le contexte de la solidarité: quels sont les aléas de
la plainte et comment parvenir à un discours solidaire? Existe-t-il
une éthique de la solidarité et comment trouver sa place en liberté
en dé-fatalisant notre existence?Un ouvrage percutant que devraient
lire tous ceux et celles qui ont contact avec la souffrance,
personnelle ou collective. Le texte foisonne d'exemples concrets et
de souvenirs tirés du quotidien. Des questions importantes et
délicates de comportement éthique dans des situations extrêmes sont
abordées en toute vérité, où l'A. plaide pour une conversion à
l'autre. À consommer avec tendresse pour les autres et pour soi! -
J. Radermakers sj