Chante ô ma mémoire ! Une vie de musicien d’Église. Lourdes 1969-2019
Jean-Paul LécotBiografías - reviewer : Maxime Bollen
Jean-Paul Lécot, frère de la congrégation des Missionnaires de l’Immaculée-Conception, est né en 1947 à Quimper (Finistère). Ses parents sont musiciens amateurs. Au début de son adolescence, on l’inscrit au collège de Garaison (Hautes-Pyrénées), tenu par des frères Missionnaires de l’Immaculée Conception. C’est là qu’il commence à étudier la musique dès l’âge de 11 ans. Il rejoint ensuite le séminaire de Montaudran, passe le Bac au lycée Saint-Sernin et part à Mouilleron-en-Pareds, en Vendée, pour le noviciat et les études scolastiques. En 1971, il fait profession perpétuelle comme m.i.c. à la grotte de Lourdes.
Si ce livre comporte bien les aspects propres d’une autobiographie, il est en réalité plus que cela. À travers son demi-siècle d’expérience à Lourdes (et ailleurs ! – en témoignent les nombreuses invitations reçues), l’A. en profite pour rendre hommage à des personnes qui l’ont marqué. Le premier hommage est pour Xavier Darasse, son « maître et ami », dont il fréquenta la classe au conservatoire de Toulouse entre 1970 et 1973 (chap. 2). L’organiste du Sanctuaire de Lourdes rend ensuite hommage à ses prédécesseurs (chap. 3) : le chanoine Alexandre Lesbordes (« Nul doute : il avait été un grand serviteur de la musique d’Église (…) », p. 35) ou le p. Paul Décha qui, dès 1969, le fit venir à Lourdes comme adjoint (« Le père Décha était un personnage haut en couleur, qui ne laissait personne indifférent », p. 38).
C’est aussi l’histoire de Lourdes qui est distillée dans ces quelques pages. En effet, « En cinquante ans, j’ai connu, à Lourdes, six évêques, neuf recteurs, six congrégations ou communautés, sans compter les prêtres du diocèse ou d’autres diocèses » (p. 41). Lécot aborde également des rencontres marquantes (avec des pionniers du chant liturgique comme Julien, Deiss ou Jef ou avec des musiciens d’exception tels Chapuis, Messiaen et d’autres). Il tient aussi à mettre en lumière les différentes personnes avec qui il a collaboré (p. ex., Jacqueline Frédéric Frié ou Marie-Antoinette Noury). On souligne aussi le chap. 11 qui traite de l’histoire des 5 orgues du Sanctuaire.
En plus des éléments biographiques, Lécot propose encore une réflexion au sujet de la grandeur des psaumes (chap. 8), du répertoire de Lourdes (chap. 7), de la fonction de « musicien d’église » – il se décrit volontiers comme tel – (chap. 9) ou de maître de chapelle (chap. 10). En fin d’ouvrage, ce sont les « concerts et inaugurations d’orgue en Europe (chap. 12), le Festival international de musique sacrée de Lourdes (chap. 13), « Un voyage inoubliable » sur les pas de Bach (chap. 15), les « Transcriptions, réalisations et orchestrations » (chap. 15), les enregistrements (chap. 16) qui sont traités.
En somme, bien plus qu’une simple biographie, Jean-Paul Lécot nous livre le récit plaisant de 50 années au service de la musique liturgique. Il nous aide aussi à entrer dans la compréhension de la vie de l’Église et des défis rencontrés (notamment à la sortie du concile Vatican ii). Un « index des personnes citées » et des photographies, réparties au fil des pages, complètent la lecture. Restons sur ces quelques mots issus de la préface de Mgr Fisichella : « Sans rester cantonné dans l’univers musical des siècles passés, il a su créer avec brio une heureuse polyphonie entre la musique ancienne et celle des temps modernes, et ce, avec créativité et richesse de style » (p. 10). — M. Bollen