L'abbé Jules Monchanin (1895-1957), prêtre du diocèse de Lyon avant
de devenir moine ermite dans le Bhârat (Inde en
sanskrit), est connu grâce à l'amitié pleine de gratitude d'Édouard
Duperray et d'Henri de Lubac. En revanche, sa pensée qui est
ramassée dans quelques rares publications et des écrits denses
jusqu'à l'obscur, est demeurée dans l'ombre. Le père Yann Vagneux
vient de la déployer dans une volumineuse thèse de théologie
soutenue à l'Univ. Grégorienne. Partant d'une lettre programmatique
de 1940, il en montre l'unité et l'originalité, toute (épi)centrée
sur le mystère trinitaire, lui-même contemplé
comme co-esse. Ce terme (qui signifie
« être-avec » et que Monchanin traduit parfois, à partir
du grec, par le néologisme synontologie et rend
en sanskrit par sam-sat), est emprunté
au Journal métaphysique de Gabriel Marcel et
désigne la communion dans l'être, dont il permet de penser l'unité
dans la différence. Cette intuition se réfracte de manière
ternaire. Une 1re partie contemple
le co-esse dans la vie des Trois hypostases
divines, autrement dit dans la circumincession trinitaire, en
regard de la métaphysique platonicienne et néoplatonicienne de
l'Unité. Dans une 2e partie, la synontologie est
étendue à l'unité du cosmos à partir du Plérôme eschatologique,
comme panchristisme. Enfin, la dernière partie se fonde sur cette
double compréhension, incréée et créée, du sam-sat,
pour entrer dans un dialogue exigeant avec la philosophie hindoue,
métaphysique de l'un et du multiple s'il en est.
Nous saurons d'autant plus gré à l'A., prêtre des Missions
étrangères de Paris actuellement en mission à Bénarès, de nous
avoir introduit à cette pensée exodale profondément missionnaire
qui est trop souvent supplantée par les théologies beaucoup plus
approximatives de son ami Henri Le Saux et de Jacques Dupuis (cf.
le développement et la longue note salutaire, p. 569-573). -
P. Ide