D'apparence première, un sujet classique: le destin d'un évêque
d'Ancien Régime (Anne-Louis-Henry de La Fare [1752-1829] est
titulaire du siège de Nancy depuis 1788) à partir de la réunion des
États Généraux en 1789 jusqu'à son retour d'exil (il a quitté la
France en 1791) et qui, d'une position plus ou moins
«progressiste», se mue en contre-révolutionnaire bon teint (rentré
au pays en 1814, il sera adjoint au Grand Aumônier de France,
préconisé archevêque de Sens en 1817 sans toutefois pouvoir prendre
possession de son siège avant 1821, pair de France et cardinal en
1823, et prêchera lors du sacre de Charles X). Ce destin est vu
surtout à partir de la correspondance, abondante, que l'homme
entretint tous azimuts au cours de ces années hors de France, en
particulier à Vienne. De quoi revivre aussi les quelque dix années
des tribulations vécues par presque tout le corps épiscopal
français - plus de 100 évêques - eux aussi partis sur les chemins
de l'exil. Dix années fort mouvementées qui ne manquèrent pas de
marquer tous les acteurs du moment, et presque tout autant les
générations suivantes. Faut-il alors, après ce livre, encore
s'étonner des réactions de nos contemporains face à la Révolution
et à certains de ses principes? Certes on ne vit pas que du passé.
Mais ce qui apparaît de nos jours parfois comme des clichés trouve
souvent ses origines dans des temps assez lointains. Et quand cela
touche à la religion - et la Révolution s'y entendit en la matière
-, ce n'est jamais innocent et cela ne laisse jamais indifférent. -
B.J.