Plus répandu dans le monde protestant qu'en milieu catholique (où
l'on parle volontiers d'«inculturation»), le terme
«contextualisation» désigne l'interaction dynamique entre le
«texte» de la Parole de Dieu et le «contexte» des situations
humaines spécifiques où cette Parole est reçue. La notion sert ici
de clef d'interprétation et d'évaluation dans une dizaine d'études
monographiques précises et documentées sur l'histoire du
christianisme en Chine. La plupart proviennent d'un colloque
organisé à l'université de Leiden en juin 2002. Les deux premières
contributions rappellent les enjeux des tentatives
d'«accommodation» des 17e et 18e s. (en particulier le rôle joué
par Ricci, Aleni et Bouvet) et les leçons que l'on peut en tirer
pour aujourd'hui. Le reste du recueil concerne les 19e et 20e s.
Viennent d'abord trois domaines de contextualisation: l'essor de
l'action médicale, la composition d'hymnes (paroles et musique),
l'historiographie des institutions universitaires chrétiennes
(d'une perspective missionnaire à une attention centrée sur le
point de vue chinois). Trois autres chapitres retracent des
trajectoires individuelles: un évêque missionnaire épiscopalien,
des pasteurs chinois épiscopaliens ou indépendants. Une dernière
section examine trois cas de relations des communautés catholiques
ou protestantes et de leurs responsables avec la société et l'État
chinois: lors de la rébellion du «Lotus Blanc», à la fin du 18e s.;
lors des prodromes du mouvement des Boxers, dans les années 1890;
enfin dans la re-création, après l'arbitraire de la période maoïste
culminant dans la Révolution culturelle, d'un système de lois qui,
en matière religieuse notamment, garantissent un minimum de droits
mais servent aussi à réguler les groupes religieux. L'ensemble du
dossier illustre, toujours à partir de cas particuliers, les
rapports complexes entre occidentalisation, traditions des
différentes Églises et contextualisation du message chrétien dans
une société chinoise diverse et en constante évolution. - J.
Scheuer