Marco Vannini, à qui les lecteurs italiens doivent déjà une
introduction à l'oeuvre de Sébastien Franck, aborde maintenant
Valintin Weigel (1533-1588) en publiant et en introduisant deux de
ses oeuvres: Conversion et détachement et
l'Introduction à la «Théologie allemande».Pasteur
protestant, Weigel reproche à Luther sa théorie de la
« justice imputative » qui nie la participation réelle de
l'âme à la justice divine grâce à une essentialis inhabitatio. Il
prône une transformation intérieure de l'homme par la conversion et
le détachement. Avec Franck, il soutient une doctrine de
l'inspiration et de la révélation universelles, la vraie Église
n'étant pas fondée sur l'appartenance à une secte ou à une
communauté religieuse déterminée, mais sur l'intime adhésion à
l'esprit du Seigneur. Ce qui compte, c'est la transformation
intérieure, la conversion et le détachement de soi-même, la mort de
la Selbstheit, de l'égoïté.Dans le prolongement de la mystique
médiévale (Eckhart, Tauler…), Weigel soutient l'action directe de
Dieu dans l'âme, sans besoin de médiation.Le péché substantiel est
l'amor sui, qui attribue le bien à soi-même, l'enlevant ainsi à
Dieu. Le salut du péché (non des péchés) réside dans la conversion,
dans l'abandon de soi-même pour se retourner vers Dieu. En cela
consiste d'ailleurs la sequela Christi. - S. Decloux sj