Les sept récits qui nous sont contés, de Frédéric et Amélie Ozanam à Chiara et Enrico Petrillo en passant par Baudouin et Fabiola de Belgique, nous permettent d’entrer dans la puissance de l’amour humain suscité et animé par le Seigneur. Comme le titre le souligne, ces couples sont de « feu et de foi » dans l’expression de leur amour, dans l’affrontement des épreuves qu’ils rencontrent, dans le témoignage qu’ils donnent à leurs proches et amis. Raphaëlle Simon se centre sur l’essentiel de leur amour : les lettres qu’ils s’échangent en donnent la tonalité, les décisions qu’ils prennent ensemble ou l’un pour l’autre en montrent les enjeux. Cet amour n’est pas romantique, mais vigoureux : « c’est le lieu de l’alliance, fondée sur l’amour inconditionnel et la confiance réciproque » (p. 14). Bien plus, le mariage apparaît en vérité comme un lieu de salut : en témoigne la manière dont certaines souffrances (mort d’un enfant, maladie du conjoint, situation professionnelle précaire, stérilité) sont assumées et fortifient leur union à Dieu.

La démarche « hagiographique » part de la vie des époux et s’épanouit en lumière pour tous au fil du temps. Il n’y a pas de modèle de sainteté préétabli pour les couples, mais leur amour dit la sainteté dans l’histoire humaine, conjugale et familiale. L’invitation à invoquer certains d’entre eux comme des bienheureux et des saints marque un tournant ecclésial pour la conscience du peuple de Dieu, la perception de la sainteté des couples, la compréhension du sacrement. Ces récits feront du bien car ils montrent la puissance des lieux amoureux, le lien entre l’amour matrimonial et l’amour de Dieu, la fécondité humaine et spirituelle de telles vies communes et partagées.

Prendre connaissance de ces vies élève notre soif d’aimer à la mesure de Dieu : cet apprentissage de l’amour reste progressif dans la vie humaine, mais l’énergie humaine s’alimente à la grâce divine et conduit à des merveilles d’attitudes et de paroles. La variété des couples considérés montre le respect par Dieu de la condition humaine et de la différence sexuelle : l’homme et la femme semblent transformer l’esprit de comparaison ou la dialectique d’opposition entre les sexes en une communion dynamique et ouverte aux autres. S’aimer en couple conduit à aimer Dieu mais aussi tout l’entourage du couple qui en ressent les bienfaits et la bonté. Cette folie de l’amour présente dans ces 7 histoires ouvrent le champ à d’autres histoires d’amour pour les lecteurs d’aujourd’hui et de demain. « Nous avons besoin, dit le pape François, de respirer la vérité de bons récits ; des récits qui construisent et non qui détruisent (…) » (p. 15). Ils sont une « odeur d’Évangile » qui fait du bien à tout homme de bonne volonté. — A.M.