L’occasion du centenaire de sa naissance offre l’opportunité de plusieurs traductions d’ouvrages de Fernando Rielo (Madrid 1923-New York 2004), fondateur des Missionnaires Identès. Son charisme consiste à vivre la sainteté dans une conscience filiale, chemin vers l’union mystique. Sa mission apostolique s’oriente surtout vers la rencontre avec les jeunes et le dialogue avec les intellectuels pour la défense de la vérité révélée.

Le présent livre développe ces deux aspects : d’abord un long récit autobiographique qui permet de situer le sens de sa vocation ancrée dans son intimité particulière avec le Père céleste dès son plus jeune âge. L’A. expose à ses lecteurs (au départ ses auditeurs, il s’agit de conférences retranscrites) son amour unique et exclusif pour le Père céleste, le seul mot « Père » récapitulant toute l’expérience humaine. Bientôt le Père lui demande de « se mettre en chemin » et de renoncer à fonder une famille pour créer un nouvel Institut (p. 67, 79, 91, 93, etc.).

La 2^de partie du livre, un peu plus ardue, ouvre sur un commentaire lumineux de l’épisode platonicien de la caverne repensé pour aujourd’hui. Le Père est avec le Christ et dans l’Esprit la Lumière et la raison ultime de tout agir humain et religieux, et ce qui nous sauve des individualismes et égoïsmes contemporains mortifères. Dans le cœur du Père se trouve le sens de toutes choses et la raison de vivre. La réflexion rielienne qui est bien une patérologie pour aujourd’hui, est fondamentalement trinitaire (p. 147-149), elle se déploie en une mystique à la fois originale mais tout autant conforme à la tradition. À la fois humaniste, poète mystique et métaphysicien, l’A. explique comment il a cherché humblement à transmettre ce qu’il nomme « le testament du Christ » (p. 161) tout en se préoccupant des multiples besoins spirituels et sociaux de notre temps. Il s’agit, sous l’impulsion de la grâce, d’entrer dans la logique divine, celle de l’Amour, – même si le terme est peut-être plus implicite qu’explicite dans cet ouvrage. Par là, nous sommes appelés à adopter de plus en plus la manière d’être de notre Dieu, à entrer dans l’intimité divine, à être saints comme lui-même est saint. Une spiritualité exigeante, mais toujours proche de ce que nous sommes en vérité. — M.-J.C.