Cet ouvrage rassemble une dizaine de communications faites dans le
cadre d'un colloque organisé en 2013 par le Centre d'Histoire des
religions de l'Univ. cath. de Louvain. À l'encontre de certains
égyptologues qui voient en Akhénaton l'inventeur du monothéisme
voire (avec Freud) le père spirituel de Moïse, C. Cannuyer
soutient qu'il y a, entre ces deux traditions, « un
abîme » et qu'il faut « résolument écarter l'idée d'une
quelconque filiation ». De son côté, J. Tavernier
montre que, dans l'aire mésopotamienne, le polythéisme est demeuré
dominant et qu'on peut parler tout au plus de tendances ou
d'« îles » d'hénothéisme ou de monolâtrie. D'autres
contributions abordent les domaines hittite (J. De Vos) et
syro-anatolien (R. Lebrun). S'agissant du monde iranien à
l'époque achéménide, A. Tourovets souligne les lacunes de
notre documentation : nous ne sommes pas vraiment en mesure
d'affirmer le caractère monothéiste ni même zoroastrien de la
religion de cet empire. En quelques pages, P. Bordreuil, à qui
ce recueil est dédié, dégage « les principales étapes du
processus long et complexe » de la formation du monothéisme
biblique ; F. Gangloff montre pour sa part que,
s'agissant de la religion vécue des couches modestes de la
population, l'archéologie (exemple de Tell Taanâk) et les textes
bibliques suggèrent des visions contrastées. Plus près de nous dans
le temps, S.H. Aufrère illustre, à partir notamment de la
terminologie copte, comment les chrétiens égyptiens des premiers
siècles ont tenté de se situer par rapport aux divinités du
paganisme. Par ailleurs, les inscriptions de l'Arabie du Sud
témoignent, pour
les ve et vie s., d'une
succession d'influences monothéistes juives et chrétiennes avant
l'islamisation de la région (E. Gushchina). -
J. Scheuer s.j.