Femme, laïque, docteur en droit canonique, Carmen Peña García
dirige le département de droit canonique et ecclésiastique à
l'Université Comillas de Madrid où elle enseigne le droit
canonique; elle est en outre défenseur du lien et promoteur de la
justice au Tribunal ecclésiastique de Madrid. Tous ces titres font
la richesse de son livre. Elle étudie le mariage dans une
perspective ecclésiale et principalement canonique en intégrant la
pratique ecclésiale tant administrative que judiciaire. Le droit
canon, dit-elle, se limite à être l'expression normative de la
théologie et de l'anthropologie développées par Vatican II. L'A.
précise bien que son ouvrage est centré sur le code canonique
actuel avec peu de références au passé. Elle a opté pour une
méthode pratique et tient compte des solutions apportées par les
autorités compétentes aux cas matrimoniaux réellement posés par les
fidèles. Elle intègre les critères de la jurisprudence et les
pratiques administratives des divers diocèses, car ils exercent une
influence indéniable et admise sur le droit matrimonial; en effet,
pas mal d'innovations du code actuel proviennent du travail des
tribunaux ecclésiastiques et en particulier de la Rote romaine.
Après le concile, celle-ci a élaboré une doctrine jurisprudencielle
plus conforme aux principes conciliaires, avant que la loi ne fût
modifiée. L'A. fait remarquer que la jurisprudence au sens strict
est uniquement la doctrine issue de la Rote romaine…C'est pourquoi
cet ouvrage porte une attention spéciale à la pratique romaine,
mais sans exclure les décisions diocésaines, surtout espagnoles, et
en particulier celles de la Rote madrilène, même si cette dernière
ne fait pas proprement jurisprudence.
Ce livre se limite à offrir un exposé clair et systématique de la
doctrine canonique actuelle pour le mariage, et de ses applications
dans les tribunaux ecclésiastiques. Sans être exhaustif, ce volume
présente cependant quelques thèmes complexes et des questions
discutées où les avis divergent. L'exposé concerne au premier chef
le droit canonique latin, sans pour autant exclure le code
canonique oriental paru en 1990.
Le plan est traditionnel. Les deux derniers chapitres sur la
validation d'un mariage nul et la dissolution du lien conjugal,
sont évidemment ceux qui alimentent les polémiques et les critiques
de l'opinion publique: en particulier, les problèmes complexes de
l'impuissance maritale, la fivete, le pouvoir papal de dissoudre
des mariages non sacramentels en faveur d'un croyant, mais à
certaines conditions, etc. L'A. montre parfois son désaccord ou ses
doutes devant telles conditions exigées par l'Église.
Clair, concret, tenant compte de la pratique ecclésiale, ce livre
constitue un excellent manuel pour étudiants en droit canon, pour
tous les acteurs des procès canoniques matrimoniaux et pour les
chrétiens désireux de voir plus clair en ce domaine qui les touche
de plus près. - J. Debrun