Cet entretien n'est pas un traité : il a la souplesse et
l'intelligence d'un genre littéraire pastoral et permet par
ailleurs d'apporter des précisions théologiques éclairantes. Le
Card. insiste sur l'exigence de l'amour qui donne la joie à travers
la pédagogie mise en relief par le pape François : « accueillir,
accompagner, intégrer, discerner ». On lira avec intérêt les
thématiques développées (la saveur de l'Évangile, l'attention aux
plus fragiles, l'accompagnement sur un chemin de croissance, le
réalisme biblique de la vie quotidienne, une morale du bonheur,
etc.). On peut lire et relire les points originaux d'Amoris
laetitia tels qu'ils sont interprétés par le théologien.
L'affirmation centrale « Nous sommes tous sous la miséricorde »
(p. 57) est une évidence de l'histoire du salut : elle permet
de situer la théologie morale sous le primat de la grâce. On dira
certes que « la vocation « pastorale » du Magistère »
(p. 99) est certainement souhaitée par tous, mais ses
expressions variées, surtout dans les écrits du pape, posent la
question d'une meilleure herméneutique de ces écrits. Nous
soulignons les pages sur « l'évolution dans la compréhension des
« situations objectives de péché » » (p. 69) car
elles aideront plus d'un lecteur à réfléchir en profondeur et à ne
pas entrer simplement dans des avis militants. L'A. nous aide
à saisir de vraies nouveautés du texte Amoris
laetitia et nous guide vers de nouvelles réflexions et
travaux de compréhension : « Il nous faut maintenant - les
pasteurs, les théologiens, le magistère du pape
probablement -, formuler de façon plus profonde l'articulation
de l'objectif et du conditionnement dans le dynamisme d'un sujet en
quête du bien » (p. 75). - A. Mattheeuws s.j.