Dans cette excellente collection qui nous offre, à l'initiative du
Couvent des Dominicaines d'Orbey, en Alsace, de précieux textes
spirituels qui s'échelonnent du XIIIe, avec Maître Eckhart, au XXe
siècle avec Yves Raguin, voici la traduction française d'un
manuscrit du XVIIIe siècle retrouvé par hasard il y a deux ans à
Guebwiller. Bien qu'il ait été jusqu'à présent impossible
d'identifier l'auteur de ce texte, celui-ci nous révèle que c'est
un père de famille, car il évoque l'amour qui l'unit à son épouse
et à ses enfants, et la nature qui entoure sa maison. Il s'agit
aussi d'un notable, mais il est aussi très conscient de ses devoirs
à l'égard des humbles et des démunis. «Fais, écrit-il, en
s'adressant à Dieu, que l'argent n'ait d'autre valeur à mes yeux
que de me permettre d'aider mon prochain lorsqu'il est dans le
besoin». Ou encore: «Préfère toujours le besoin présent de ton
prochain à tes besoins futurs». Mais il n'est pas dépourvu pour
autant de sens social: «L'activité de l'amour va au-delà du soin
des pauvres et des nécessiteux. Obtenir la prospérité de ses
affaires, remplir ses responsabilités dans sa fonction, cela aussi
est une activité d'amour». En fait, l'ensemble de ces textes, qui
évoquent les divers aspects de la foi et de l'expérience
chrétienne, constitue un hymne à l'amour, à ce Dieu qui en est la
Source inépuisable: «Apprends-moi l'amour pour l'amour de l'amour.
À servir pour l'amour de servir. À être bon pour l'amour du bien».
Merci au traducteur et à Soeur Suzanne Eck, l'auteur de la préface.
- P.L.