Erkenntniswege in der Theologie, éd. H. Bogensberger e.a.
Col.Teología - reviewer : Albert Chapelle s.j.
L'influence de l'agir communicationnel de Habermas et l'importance théologique de Peukert apparaissent décisives dans cet ouvrage, aux prises avec la compréhension intersubjective de la vérité et en quête de critères (linguistiquement) repérables de l'adæquatio rei et intellectus, impliquée dans le «dialogue avec l'Écriture» (H. Venetz et G. Eder). L'article de R. Kögerler sur les procédures scientifiques contemporaines relativise leurs différences avec la méthode théologique, étant considérée la part de conventions (ou de consensus) nécessaire aux unes et aux autres.
Deux volumineuses contributions de O. Muck (Innsbrück) et F. Schmid (Wien) éclairent les fondements épistémologiques et psychologiques du dialogue et de tout le volume. L'article rigoureux de Muck étudie les «structures rationnelles du dialogue en matière de foi» et traite un horizon métaphysique et transcendantal (Maréchal). En s'inspirant de Rogers, mais aussi de Buber et de Lévinas, P. Schmid donne un texte fouillé sur la présence dans la rencontre et le dialogue.
La note de A. Riedl (Linz) sur l'agir chrétien comme source de connaissance théologique introduit le débat mené par W. Lesch (Fribourg) et E. Arens (Lucerne). Lesch présente les fondements d'une théorie de l'agir théologique. Il se réclame de Peukert et de sa contribution à la recherche épistémologique et éthique, ouverte par Habermas et Apel, mais toujours en recherche de «fondation ultime» (p. 218). E. Arens veut indiquer dans sa première communication la base biblique d'une pratique de la foi communicationnelle; la puissante évocation de la solidarité de Jésus avec les plus faibles (cf. Metz) suffit-elle pour signifier l'Esprit Saint et la communio sanctorum? La même question peut être posée à la lecture des deux autres contributions de Lesch et de Arens sur les limites de l'agir communicationnel dans l'expérience de la faute et du mal radical ou de la mort. La critique de la théodicée, nécessaire et impossible, est menée par Lesch avec rigueur sans pour autant faire apparaître la logique éthique de l'anthropodicée esquissée. La discussion finale menée par Arens entre Habermas et Peukert est d'une belle intrépidité rationnelle et chrétienne.
Le volume constitue un vif témoignage du service rendu à l'Église par la théologie et la philosophie universitaires aujourd'hui. - A. Chapelle, S.J.