Faith and Law. Juridical Perspectives for the Ecumenical Movement
M. ReuverEcumenismo - reviewer : Paul Lebeau s.j.
Le principe de base proposé par l'A. est que «l'adaptation et la mise à jour des systèmes juridiques des Églises ne relèvent pas seulement du domaine juridique, mais aussi de la théologie et de la spiritualité» (p. 11). Il ne se dissimule pas la difficulté de la tâche, étant donné la diversité des contenus, des formes juridiques et de l'autorité qui leur est reconnue dans les législations respectives des Églises. Entre le Pedalion orthodoxe byzantin, publié pour la première fois en 1800, et traduit en anglais en 1957, le Code de droit canonique publié sous l'autorité de Jean-Paul II en 1983, le Ius divinum défini par Melanchthon, l'Institution de la religion chrétienne de Jean Calvin, les Kirchenverfassungen des Églises luthériennes allemandes et les Trente-neuf Articles de la Religion de l'Église anglicane, les différences de perspectives sont considérables et souvent inconciliables. On constate cependant que la majorité de ces textes législatifs sont directement reliés à des confessions de foi.
Dans un chapitre très éclairant, l'A. rappelle dans quels contextes historiques ces textes ont été élaborés et éventuellement amendés. Il évoque notamment, en ce qui concerne l'Église catholique, l'influence décisive exercée par la Donatio constantiniana (document apocryphe d'un auteur d'origine franque) et les Dictatus papae du pape Grégoire VII. L'A. observe ensuite qu'à l'inverse de ces législations qui entendaient revendiquer les différences et les exclusions mutuelles, le Mouvement oecuménique a amorcé au cours du XXe siècle, à la suite de nombreux dialogues tant bilatéraux que multilatéraux, un processus de prise en compte de convergences, certains anathèmes antérieurs étant désormais reconnus obsolètes. Cette nouvelle communauté internationale d'Églises engagées dans une même démarche oecuménique se trouve confrontée, estime l'A., à la nécessité d'une législation appropriée qui, tout en garantissant l'autonomie de chaque Église particulière, soit en mesure de définir les droits et devoirs qui découlent de ce nouveau mode de relations inter-ecclésiales» (p. 80).
Dans un chapitre final, l'A. dégage les «nouvelles perspectives» qui s'ouvrent aux Églises en ce domaine, et qui commencent à se concrétiser de diverses manières. Dans l'Église orthodoxe, certains théologiens, tel Kallistos Ware, estiment que l'une des tâches principales du futur Concile général sera la révision et la clarification du droit canonique. La plupart s'accordent en tout cas sur le fait que l'Église a la liberté d'actualiser ce droit en fonction des besoins des fidèles. En ce qui concerne l'Église catholique romaine, elle se trouve actuellement sollicitée, selon l'A., par deux ecclésiologies difficilement conciliables: celle qui, dans la ligne de Vatican I, privilégie un type de primauté qui fait de l'évêque de Rome un monarque qui régit l'Église universelle, et accorde à la Curie romaine un pouvoir d'intervention indépendant de celui des évêques; celle qui, selon les documents majeurs de Vatican II, voit dans l'Église une communion, dont les éléments essentiels sont la collégialité épiscopale, la participation des fidèles et la subsidiarité. Certains faits concrets trahissent pourtant une évolution, même s'il ne sont pas encore juridiquement intégrés: l'Église catholique fait officiellement partie de 55 Conseils nationaux d'Églises; la Déclaration conjointe catholique-luthérienne sur la Justification est une innovation significative en ce sens que, pour la première fois, le Siège apostolique de Rome a accepté, en y engageant son autorité, les résultats d'un dialogue bilatéral avec une autre confession. Moins officiel, le récent document de l'ARCIC sur le Don de l'autorité (1999), constitue une contribution majeure à une redéfinition commune de la primauté qui est d'ailleurs une réponse à une requête du pape Jean-Paul II dans l'encyclique Ut unum sint. À cela s'ajoute l'impact juridique des nombreuses unions d'Églises réalisées depuis des années dans le monde protestant. On aura compris que ce livre constitue un apport majeur à la réflexion ecclésiologique actuelle, à laquelle il se réfère notamment par une remarquable bibliographie. Regrettons pourtant la malencontreuse interversion des pages finales, p. 122-124. - P. Lebeau, S.J.