Au geste de la fraction du pain en vue de la communion qui renvoie
à celui de Jésus à la Cène - «il prit du pain, le bénit, le rompit
et le donna à ses disciples» - s'est adjoint au cours des siècles
dans la liturgie romaine celui de la fraction de l'hostie en vue de
sa commixtion avec le précieux sang. Tout en montrant comment s'est
progressivement construite autour du geste de la fraction du pain,
dès les premiers siècles, cette partie de la liturgie constituée du
Pater et de l'Agnus Dei qui prépare à la
communion, l'A. analyse la manière dont, tout en étant sans rapport
direct avec le geste du Christ à la Cène, la fractio ad
commiscendum en est venue à se substituer progressivement à la
fractio ad distribuendum dans la liturgie romaine, par sa
force d'évocation du drame de la passion. La réforme liturgique de
Vatican II a voulu remettre en valeur la fraction du pain en lien
avec la communion, mais sans parvenir à la solution souhaitable, ce
que l'A. montre à travers une étude détaillée des différentes
moutures du Missel romain sur une période de 30 ans qui ont conduit
en 2002 à sa version définitive. L'A. propose, au terme de son
parcours, les clarifications qui pourraient être éventuellement
apportées à cet effet au texte en vigueur. L'ouvrage est d'une
grande précision, d'une argumentation rigoureuse, et fait montre
d'une érudition remarquable dans sa familiarité avec les textes
liturgiques. Il fera date sur la question qu'il aborde. Une table
des matières particulièrement soignée le complète. - P. Gervais sj