Gemeinwohl im Konflikt der Interessen. Gesellschaftspolitische, sozialethische und philosophisch-theologische Recherchen zu Europa (Le bien commun dans le conflit des intérêts. Recherches sociopolitiques, socio-éthiques et philosophico-théologiques sur l'Europe), éd. I. Berten, Th. Eggensperger, U. Engel

Col.
Moral y derecho - reviewer : Paul Lebeau s.j.
Ce quatrième volume de la Collection dominicaine Kultur und Religion in Europa se distingue à la fois par l'intérêt de la question à laquelle il est consacré, mais aussi - et, selon nous, surtout - par ses qualités pédagogiques. On ne saurait trop, à cet égard, en recommander la lecture à ceux qui souhaitent s'initier à ce qui constitue la particularité historique de l'entreprise européenne: entreprise sans précédent, on ne le souligne pas suffisamment.
Nous sommes en effet les témoins, ainsi que le souligne Madame Poplawska, du fait que la majorité de nos États acceptent de renoncer à l'exercice de certains de leurs droits souverains au bénéfice d'un ensemble juridique commun. Ensuite, en se basant sur l'ouvrage fondamental de Bino Olivi (908 pages!), le P. Ignace Berten op évoque avec précision le parcours historique de cette aventure européenne qui, à partir des terribles traumatismes d'une guerre dévastatrice, nous a amenés à entreprendre de penser et de construire un avenir commun. Tel était le processus initié par la création de l'OECE (avril 1948) et le Congrès de l'Europe (La Haye, mai 1948), avec pour mission de gérer en commun l'aide américaine (Plan Marshall) destinée à 17 États européens de l'Ouest y compris l'Allemagne. En soulignant ensuite l'importance novatrice de l'appel de R. Schuman qui aboutit à l'institution de la CECA (1950) le P. Berten rappelle à juste titre que c'est le Chancelier Konrad Adenauer qui fut le premier responsable politique à évoquer un avenir européen de collaboration internationale.
Le P. Berten détaille ensuite, avec une remarquable précision, les phases successives de «cette histoire complexe et difficile» d'une Europe où interfèrent constamment trois revendications: intérêt général, intérêt communautaire, intérêt national: «La relecture de cinquante ans d'histoire montre que le mouvement va dans le sens d'une Europe de type fédéral», mais qui, à la différence de l'avenir auquel pensait Schuman, s'oriente «dans le sens d'une fédérations d'États-Nations». Le Dr Gehrard Kruip, Directeur de l'Institut de Recherche en Philosophie de Hanovre, estime sur la base d'une impressionnante documentation bibliographique, que bien commun et subsidiarité doivent entretenir un rapport mutuel qui conjugue liberté et coopération. Le P. J.-Cl. Lavigne op constate ensuite que ce principe de subsidiarité fait l'objet d'une définition dans le Traité instituant la Communauté européenne (5,2) et rappelle qu'il s'agit d'un «principe de gouvernance très ancien», dont il esquisse l'histoire depuis Aristote, Thomas d'Aquin, Althusius et Proudhon, en rappelant qu'à partir du XIXe siècle «il s'agit surtout des limites à imposer à l'État qui menace de tout envahir».
Mais la contribution la plus importante nous paraît être l'exposé de la doctrine sociale de l'Église en matière de subsidiarité, qui suggère «un certain nombre d'enseignements utiles pour la construction européenne». Ensuite, le P. Th. Eggensperger op analyse en quelques pages le rapport entre «bien commun», principe d'orientation normatif de l'agir social, et «sens de l'intérêt public», entendu comme aptitude à agir en pratique selon ce bien commun. Enfin, après le témoignage d'un chargé de cours à la Faculté de théologie de Lugano, M. E. Rossi, à partir de la «réalité interculturelle» de la Suisse, M. André Berten, professeur de philosophie à l'Université de Louvain-la-Neuve, constate que des questions imprévues - sécession, nationalisme, immigration ou droits des minorités - pourraient «nous obliger à envisager de façon renouvelée la question des nationalités et des minorités nationales ou ethno-culturelles». Bref, ce volume constitue un instrument de travail dont une réflexion en ces divers domaines ne saurait se dispenser. - P. Lebeau sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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