Traduite de l'italien (Ed. San Paolo, 1994), basée sur cette étude, cette première biographie complète de H.L. évoque d'abord le milieu politique (séparation des Églises et de l'État) et religieux (la crise moderniste) et le renouveau de la pensée philosophique et théologique avec Maurice Blondel, Lucien Laberthonnière, Albert et Auguste Valensin, auxquels H.L. sera attaché. Puis il décrit ce qui a formé H.L.: sa famille, les jésuites par leurs collèges, l'année de droit à Lyon, le noviciat, l'apprentissage de la philosophie et de la théologie dans la Compagnie en Angleterre, puis à Lyon. Il présente les premiers écrits de l'étudiant et du jeune professeur qu'il connaît de près; le problème du surnaturel surgit chez H.L. au début de sa théologie (1924-1925). Il passe ainsi aux années d'enseignement avant la guerre: H.L. publie Catholicisme et devient en 1942 directeur des Sources chrétiennes avec Jean Daniélou. Durant les années de guerre, H.L. mène une résistance spirituelle contre l'antisémitisme et contre le nazisme. A.R. lui consacre un chapitre entier. Il présente ensuite deux livres majeurs: Corpus mysticum, Église et Eucharistie durant le Moyen Âge (1944) et Surnaturel (1946) qui provoqueront «le débat sur la théologie nouvelle» et l'encyclique Humani generis (1950). Pendant que H.L. est contraint au silence en théologie, il peut publier Méditation sur l'Église (1953), préparer l'Exégèse médiévale et se faire l'éditeur de Yves de Montcheuil, d'Auguste Valensin, de correspondances (Blondel avec Valensin et Wehrlé, Teilhard, Marcel et Fessard) et défendre la pensée de Pierre Teilhard de Chardin. Réhabilité par Jean XXIII, qui le nomme expert de la Commission préparatoire du Concile Vatican II, il participe au Concile comme théologien et y lie amitié avec Mgr Karol Wojtyla. Exposant certains enseignements majeurs du Concile, il poursuit son oeuvre et manifeste la grandeur exceptionnelle de Hans Urs von Balthasar. Ce dernier chapitre, bien centré, aurait pu être plus riche; La postérité spirituelle de Joachim de Flore aurait pu y être présentée.
Saluons cette première biographie de H.L. en français - un français parfois hâtif -, par un très bon chercheur italien, qui connaît de première main la vie de son auteur jusqu'en 1950. Elle offre une introduction à la vie et à l'oeuvre du Cardinal, indispensable pour la plupart des lecteurs. - G. Chantraine, S.J.