Henri de Lubac et le Concile Vatican II (1960-1965)

Loïc Figoureux
Historia - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Il y a une dizaine d'années, l'A. a réalisé une excellente édition critique des Carnets du Concile d'Henri de Lubac (cf. NRT 130, 2008, p. 806). À partir de cette source et de bien d'autres encore, il a préparé une thèse de doctorat sur la participation du théologien à l'oeuvre de Vatican ii. Disons-le d'emblée : même s'il y a une différence de genre dans les deux publications, le livre, issu de cette thèse, a la même qualité que l'édition des carnets : merci à l'A.
Cela étant, que mettre en exergue dans cet ouvrage ? On ne peut manquer de mentionner en premier lieu l'étonnement de L. lorsqu'il fut appelé à oeuvrer pour le Concile, surtout quand on sait qu'il avait été durement réprouvé peu d'années auparavant ; et, de toute évidence, la peur ne le quitta jamais, surtout que sa proximité avec Teilhard était bien connue de tous, que son appréciation positive de son confrère n'était pas unanimement partagée et qu'elle revenait régulièrement sur le tapis de manière à mettre en doute l'orthodoxie de L. En outre, L. avait une conscience très fine de la situation de l'Église et de la « crise » qui la traversait. Chose plus importante encore : nourri d'une longue fréquentation de la Tradition de l'Église, en particulier de la patristique en lien avec l'Écriture, il fut, tout au long du Concile, soucieux que celui-ci présente une foi vivante, où l'attachement au Christ est primordial, une foi qui ne doit jamais être encombrée, si on ose ce terme, par une théologie qui ne serait qu'un échafaudage d'idées, une pure mécanique intellectuelle, si riche fût-elle intellectuellement, mais se substituant à la vie de foi. Autre caractéristique de la manière de travailler de L. : une préférence pour des notes écrites qui clarifient les choses, et veulent toujours ciseler les formulations et faire ressortir toute la richesse des points de la foi sur lesquels on requérait son avis. On remarquera aussi que l'A. a dû se mouvoir, non seulement dans l'univers complexe du Concile, mais aussi se frayer un chemin dans la psychologie, et pas des plus simples, de L. : il fallut à L. Figoureux bien de la finesse pour voir ce qui relevait du tempérament de L. et risquait souvent de brouiller les pistes quand il s'agissait de comprendre la portée de ses contributions ou ses réactions. Sans oublier que le Concile fut à la fois source de joie et de tristesse pour le théologien jésuite.
Bref, voilà une excellente contribution à la fois pour la connaissance du théologien tout autant que de l'événement Vatican ii.
Ajoutons un dernier mérite de l'ouvrage : la présence de nombreuses citations de textes de L. ; les sources sont toujours primordiales. Toutefois, je dois bien signaler que de nombreuses citations dans le texte principal sont en latin ; voilà qui rompt un peu la cadence de la lecture, même si l'A. a pris la précaution d'en donner en note la trad. française. Mais le malheur veut que l'éditeur a adopté un type de caractères fort petits pour le corps principal de l'exposé, et des caractères plus petits encore pour les notes. Cette « nanisation » typographique est parfois un peu décourageante.
Cela étant, on serait intéressé que l'A. poursuive ses recherches sur l'après-Concile de L. Quels chemins ont pris les craintes que L. eut sur le moment ? - B. Joassart s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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