Il concilio Vaticano secondo. Preistoria, svolgimento, risultati, storia post-conciliare, tr. P. Renner

O.H. Pesch
Historia - reviewer : Bruno Clarot s.j.
O.H. Pesch est depuis 1965 professeur de théologie catholique à l'Université de Hambourg. Ce livre paru en 93 pour les 25 ans du concile reprenait des conférences faites au grand public. En voyant disparaître peu à peu les témoins directs du concile, l'A. veut faire revivre l'atmosphère extraordinaire de cet événement annoncé en 59 et achevé en 65, mais qui se prolonge jusqu'à nous avec les espoirs et les déceptions qu'il a suscités. Avec l'aide de documents postconciliaires et les souvenirs de certains participants, Pesch offre ici un des premiers exposés globaux sur cet événement capital.
Les catholiques sont majoritairement conservateurs, note-t-il. Pie XII avait songé à un concile après la guerre, mais il y renonça en évaluant les difficultés qu'il susciterait. Le vieux Jean XXIII élu fin 58, reprit le projet dès le début de 59, mais il annonça un concile «pastoral» pour «mettre l'Église à jour», donner un témoignage de l'Église au monde moderne et préparer l'unité des chrétiens. Tous les diocèses furent invités à faire connaître leurs désirs. De leurs réponses, la Curie romaine retira matière à 69 schémas qu'elle rédigea de façon très conservatrice pour récupérer le prétendu «faux-pas» du Pape. Toutes les Églises chrétiennes furent invitées à envoyer des observateurs officiels qui auraient leur mot à dire sur les textes en discussion. Une des décisions les plus importantes du Pape, dit Pesch, fut la création du Secrétariat pour l'unité des chrétiens présidé par le Cardinal Béa et qui aurait droit de regard sur tous les textes.
Le concile se réunit en 62 sans programme et sans méthode de travail, ce qui ralentit les discussions pendant 2 mois. La Curie espérait faire signer les 69 schémas pour la fin de l'année et avait bien prévu sa méthode pour y parvenir comme dans la préparation des textes avec des experts; mais dès le début, les Cardinaux de Lille et de Cologne brouillèrent ce jeu en demandant de retarder de quelques jours la nomination des experts chargés de modifier les textes selon les désirs de l'assemblée qui comptait 2450 Pères conciliaires. En fait, on ne traita que 16 schémas en 4 ans (chaque session durant de septembre à décembre) et en modifiant radicalement les schémas de départ. Les textes issus des schémas furent de 3 types avec des valeurs décroissantes: 4 «constitutions» proches des dogmes, 9 décrets disciplinaires et 3 déclarations (sur l'éducation, la liberté religieuse et les religions non-chrétiennes). Le latin fut la langue officielle et les relations avec la presse, inhabituelles dans l'Église, furent assez tumultueuses.
Avant de mourir dès 63, le Pape avait approuvé le plan de travail organique suggéré par les Cardinaux Suenens et Montini, qui prévoyait d'abord l'étude de l'Église en elle-même et puis seulement ses relations avec l'extérieur. Montini devenu Paul VI continua le concile dans cette ligne et approuva les nouveaux schémas avec une nouvelle formule très collégiale. Les textes les plus brûlants furent votés durant la dernière session (la révélation, la liberté religieuse, les laïcs…). Faute de temps, on confia au Pape le soin de réviser le Droit Canon, le mariage, etc.
Minoritaires, la Curie et les 4 à 500 conservateurs (surtout Italiens et Espagnols) firent tout pour freiner le concile ou modifier habilement les textes de différents schémas pour affaiblir la valeur de certaines affirmations; puis, comptant sur le caractère indécis de Paul VI, ils se rangèrent derrière lui et amenèrent le Pape à intervenir plusieurs fois de façon autoritaire pour modifier certains textes de la majorité, spécialement sur la collégialité, l'oecuménisme et la liberté religieuse. Malgré ces inconvénients, estime Pesch, le concile fit du très bon travail et il expose en 5 chapitres les textes qu'il juge essentiels: la réforme liturgique, l'Église peuple de Dieu, l'oecuménisme, la hiérarchie ecclésiale, la révélation, les relations avec Israël et les religions, l'Église dans le monde actuel; puis il passe aux résultats du concile et à un jugement global.
Dans le positif, il place la prise de conscience d'être une Église universelle et non plus seulement européenne, avec le devoir d'inculturer le christianisme dans d'autre cultures. Dans le négatif, il constate que très tôt Rome a continué d'agir comme auparavant et il donne comme exemple caractéristique l'encyclique Humanae vitae promulguée contre la volonté de la majorité du peuple de Dieu. La nouvelle liturgie impose à tous les peuples le schéma de l'eucharistie romaine, au lieu de fixer un noyau intangible et, pour le reste, faire confiance aux Conférences Épiscopales. La liberté de la théologie reste un voeu pieux et l'on ne peut même pas reformuler les dogmes dans un langage moderne plus compréhensible (cf. l'affaire Küng). La collégialité demeure un mythe et les Synodes épiscopaux sont une caricature de ce qu'a voulu le Concile. Les nouveaux évêques sont systématiquement choisis parmi des conservateurs bon teint. La Curie romaine, au lieu de devenir le «simple organisme auxiliaire» voulu par le concile, a repris son rôle de surveillant des évêques. S'il a de bonnes choses, le nouveau Droit Canon a subrepticement affaibli le pouvoir du concile par rapport au Pape qui peut désormais le remplacer par un «collège d'évêques». Le pouvoir papal ne connaît presque plus de bornes et le mouvement oecuménique s'est ensablé, parce qu'on reproche à l'Église son double langage, car les faits contredisent trop souvent les paroles.O.H. Pesch passe ensuite en revue les «devoirs restants»: une réponse à l'athéisme et au salut des athées, l'inculturation de la liturgie, la collégialité épiscopale, un langage théologique révisable, les rapports entre le peuple de Dieu et la hiérarchie, plus de liberté pour les théologiens. Il pose alors la question: «Faut-il un nouveau concile?». Au vu des résultats de Vat. II, il pense que cela donnerait peu de résultats, tandis que le Cardinal Ratzinger redoutait un retour en arrière par rapport à Vat. II.
O.H. Pesch parle clairement, sans détours et s'il fait des critiques, c'est par honnêteté et par amour pour l'Église qu'il voudrait plus belle. Il se laisse aller à rêver d'une Église autre, rénovée, car, dit-il, il faut des projets d'avenir pour aller de l'avant. Il déclare à un moment que les sociologues prévoyaient 50 ans pour actualiser tout le concile. Nous y serons déjà dans 10 ans…Espérons que se produira d'ici-là un imprévu qui bouleversera la situation actuelle, comme le fit la décision inopinée d'un vieux Pape pour convoquer le concile. - B. Clarot sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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