L'intégration sociale et politique des migrants musulmans
(majoritairement turcs) en Allemagne ainsi que les relations entre
chrétiens et musulmans seraient-elles dans une impasse? Les
initiateurs de ce recueil estiment qu'il ne faut pas en chercher la
raison principale dans des facteurs culturels ni même proprement
religieux. Outre une certaine incapacité de la société hôte à
envisager des solutions neuves, il faut reconnaître surtout
l'influence, sur la population immigrée, de mouvements politiques
et de conflits politico-religieux importés des pays d'origine
(Turquie ou monde arabe). C'est à une analyse réaliste de ces
interférences que le lecteur est invité (une note précise que la
majeure partie des contributions était rédigée «avant le 11
septembre 2001»). La plus longue contribution invite sociologues,
praticiens des sciences humaines et responsables politiques à
dépasser un certain «fondamentalisme occidental» (67) incapable de
penser à nouveaux frais son credo de sécularité ou de laïcité. Deux
intervenants examinent ensuite plus brièvement les critiques
islamiques à l'égard de cette laïcité, puis, à partir de l'exemple
de l'Afghanistan, les contradictions dont souffrent les récentes
interventions de l'Occident. Une deuxième section analyse le
discours politique des organisations islamistes (turques et arabes)
en Allemagne. Vient ensuite le récit commenté du projet d'organiser
à Mannheim un enseignement religieux islamique qui se donnerait en
langue allemande et dans une plus grande autonomie par rapport aux
pouvoirs politiques des pays d'origine. Une dernière section rend
compte d'une importante rencontre organisée en Turquie sur le thème
des relations interreligieuses. - J. Scheuer, S.J.