Jean-Marie Lustiger. Entre crises et recompositions catholiques (1954-2007), postf. Card. A. Vingt-Trois

(dir.) Denis Pelletier (dir.) Benoît Pellistrandi
Historia - reviewer : Bernard Joassart s.j.

S’attaquer, si l’on ose dire, au Card. Lustiger, voilà qui n’était pas une mince affaire. L’homme fut hors norme, et ce n’est un secret pour personne qu’il fut loin de faire l’unanimité dans tous les milieux où il évolua ou à propos des positions qu’il défendit. En 2012, H. Tincq – dont on peut difficilement dire qu’il était parfaitement sur la même longueur d’onde que l’archevêque – en donna une biographie qui était de qualité, cf. NRT 134 (2012), p. 657. Cinq ans plus tard, les 12-14 oct. 2017, se tint un colloque consacré au prélat, dont voici les actes, les A. ayant eu accès aux archives de l’Institut Lustiger. Une première remarque s’impose : ce colloque se tint dans le cadre de l’École normale supérieure, l’Institut de France et le Collège des Bernardins, auxquels d’autres institutions apportèrent leur soutien (L’École pratique des hautes études, L’Association française d’histoire religieuse contemporaine et le groupe Sociétés, religions, laïcités). Autrement dit, ce colloque fut organisé par deux univers académiques – « laïque » et « clérical » (ces deux termes ne comportant en l’occurrence aucun caractère péjoratif) – qui n’ont pas nécessairement les mêmes approches des réalités religieuses. Une telle collaboration est à saluer.

L’ouvrage rassemble 27 contributions. Et, de manière générale, on peut dire qu’il y a « de tout ». Cela semble aller de soi : occuper le siège épiscopal de Paris amène inévitablement à intervenir dans bon nombre de domaines autres que la seule gouvernance du diocèse, qui ne fut par ailleurs nullement négligée par le Cardinal. Mais dans le cas d’un Lustiger, le spectre des interventions est plus que large. D’abord par son origine juive, puis une entrée dans la foi chrétienne qui ne lui valut pas que des amis, par un parcours au sein de l’Église qui ne ressemble guère à celui de bien d’autres de ses confrères dans l’épiscopat, à quoi il faut ajouter, sous peine d’oblitérer la réalité, un caractère aux contours pour le moins tranchés et un contexte ecclésial, tant français qu’universel assez chahuté. Il serait par trop fastidieux de donner ici tout le détail des communications, vu précisément le large spectre des interventions du Cardinal : aucun domaine de la vie de son Église, au niveau local comme au plan mondial, ne lui fut étranger.

Un élément ressort de cet ensemble : le Card. Lustiger avait une « fibre politique ». Audacieux, il n’hésitait pas à fréquenter des personnes de tous les bords, quitte peut-être cependant à en ignorer certains.

L’élément qui manque sans doute dans cet ensemble, c’est, à la suite de ce que j’écrivais au début de ces lignes, un « dossier à charge ». Comme toutes les fortes personnalités, il ne fit pas l’unanimité, à commencer dans son propre diocèse. Non pas qu’il faille éreinter les personnes par principe. Mais, il est toujours utile lorsqu’on étudie la vie d’un personnage d’envergure de cerner les points de résistance qu’il rencontra, voire provoqua, et dès lors de percevoir comment et pourquoi il fut « refusé » par les uns et les autres. Ce qui n’enlève rien aux apports positifs qui furent les siens. — B.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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