Jeremiah 21-36, a New Translation with Introduction and Commentary

J.R. Lundbom
Sagrada Escritura - reviewer : Jean-Louis Ska s.j.
Nous n'avons reçu que deux des trois volumes de ce grand commentaire qui remplace celui de J. Bright, publié en 1965. Le premier volume, publié en 1999 manque à l'appel. Il contient l'introduction et les indications les plus importantes sur les options fondamentales de l'auteur. Cette recension sera donc, par la force des choses, lacunaire. Jr est un livre difficile, en particulier en raison d'une tradition textuelle très compliquée. Le texte grec de la LXX est beaucoup plus court que le texte hébreu massorétique (TM) et l'ordre des chapitres est différent. En général, les chercheurs considèrent aujourd'hui que la LXX a traduit un texte hébreu plus ancien que le TM. C'est p. ex. l'avis d'un expert comme P.-M. Bogaert, mentionné deux fois seulement dans les trois volumes (voir index du troisième volume, p. 595). J.R.L., par contre, défend la priorité et la supériorité du TM, à l'instar de G. Fischer entre autres (commentaire en deux volumes; Freiburg im Breisgau, Herder, 2005), et il explique le texte plus court de la LXX en affirmant que la traduction a été faite sur un mauvais manuscrit et que la plupart des passages manquant dans la LXX sont dus à des haplographies. Il en compte 330 en tout. Ce traducteur, diront certains, devait être très distrait (ou amoureux?). Par ailleurs, on ne connaît pas d'autre cas où les traducteurs de la LXX se soient montrés aussi «distraits». En d'autres termes, l'explication de J.R.L. est plus ingénieuse que vraiment convaincante.
Autre problème: le commentaire, en raison des positions adoptées, offrira une aide restreinte à ceux qui s'intéressent aux problèmes de critique textuelle. J.R.L. défend aussi une série de positions assez conservatrices et historicisantes. Il affirme entre autres que Jr a écrit lui-même presque tout le livre qui lui est attribué, le reste étant dû à la plume de Baruch ou bien à quelqu'un de très proche, un collègue et ami de Jr. Il n'y a pas ou très peu d'activité rédactionnelle, mis à part le travail de Baruch qui a été, quant à lui très actif. Il n'est jamais question de rédaction deutéronomiste dans Jr alors qu'il s'agit d'un acquis de l'exégèse européenne depuis au moins S. Mowinckel. J.R.L. se refuse également à admettre l'existence de «ruptures» ou de solutions de continuité importantes à l'intérieur de Jr. Il discute peu avec les auteurs qui sont d'un autre avis, comme R.P. Carroll ou W. McKane, et sur ce point également, le commentaire est quelque peu décevant. Nous trouvons dans le livre de Jr un message théologique unifié et non pas un concert de voix peut-être différentes, à certains égards même discordantes. L'insistance sur le style et les techniques de composition littéraire empêche sans doute d'aborder d'autres problèmes. L'étude du style occupe, au demeurant, une très grande place dans le commentaire, mais elle est souvent une fin en soi ou elle sert à démontrer l'unité du livre. Cette étude se contente, toutefois, d'observer les phénomènes et ne s'aventure guère à les interpréter à l'intérieur d'une stratégie de persuasion. J.R.L. parle volontiers de Rhetorical Criticism, mais sans beaucoup s'interroger sur la rhétorique elle-même, entre autre sur la façon dont un texte peut influencer et même «créer» ses lecteurs. Par ailleurs, les trois volumes contiennent une grande quantité d'informations et d'intuitions de grande valeur. Il s'agit d'un instrument de travail très utile, même s'il n'a malheureusement pas assez utilisé le «grand angle». - J.-L. Ska sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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