L'abbé Suger, le manifeste gothique de Saint-Denis et la pensée victorine. Actes du Colloque organisé à la Fondation Singer-Polignac le mardi 21 nov. 2000, éd. D. Poirel
Col.Historia - reviewer : Paul Detienne s.j.
Ils retiennent trois convergences: la recherche de la clarté, de l'unité et du rythme. À la clarté dont les fenêtres allongées vers le haut inondent l'édifice correspond un des thèmes fondateurs de la pensée d'Hugues: voir l'invisible (cf. son commentaire de la Hiérarchie céleste du Pseudo-Denys). À l'unité manifestée dans l'édifice par l'effacement des cloisons intérieures correspond un autre thème omniprésent dans l'oeuvre d'Hugues, p. ex. dans le de Sacramentis, cette première somme de théologie médiévale, qui cherche à unifier la doctrine sacrée autour d'un thème unique.
Au rythme produit dans l'édifice par un réseau homogène de fines nervures qui parcourent les voûtes et redescendent en colonnettes correspond le goût d'Hugues, pour ne pas dire sa manie, des divisiones et partitiones. Notons spécialement la division tripartite tant chez Hugues (vingt-quatre titres d'écrits hugoliens comportent le chiffre trois) que dans l'édifice gothique (les trois nefs, les trois niveaux de l'élévation intérieure, le triforium, les ouvertures trilobées…).
Restent à étudier les points de contact entre les deux abbayes, géographiquement proches, et les rapports littéraires entre l'oeuvre de Suger et celle d'Hugues. - P. Detienne, S.J.