L'acharnement théologique. Histoire de la grâce en Occident IIIe - XXIe siècle

B. Quilliet
Teología - reviewer : L. Doyen
Voici une «histoire de la grâce» qui se situe au rapport dialectique entre trois instances dont le sort est lié: «le péché originel», «la grâce», «la liberté humaine», dans leur rapport au salut de l'Homme. Un dialogue à trois et, parfois, un conflit de 19 siècles mené avec «acharnement». Oeuvre d'un historien, non d'un sociologue. Ce qui explique l'aspect longtemps allusif de la référence à la société globale. Mais cet intérêt se précise à mesure que l'on avance dans le texte et dans le temps. En «terre gallicane», l'Église a trop partie liée avec le pouvoir pour que les débats ne débordent pas en direction de la Cour. Le jansénisme et la longue affaire de Port Royal en sont un exemple. Bien avant, dès l'issue du Concile de Trente, l'Église qui a constitué sa doctrine s'adresse au peuple afin qu'il sache et comprenne ce qu'il peut ou ce qu'il a à croire. De là la place de la casuistique, (présentation et résolution de cas), à des fins d'aide au clergé dans sa démarche pastorale. Mais il ne suffit pas de dire et d'illustrer la règle afin d'»aider le fidèle à faire son salut sans trop de souffrances ou d'exigences….au lieu de le terroriser». Il faut aussi, convaincre, «séduire», par les livres, les cantiques populaires, les «romans édifiants» comme ceux de J.P. Camus.
L'A. se veut rigoureux, précis: il souligne, développe les exceptions sous un consensus apparent. Il multiplie les longues citations en sens divers. D'où son abondante bibliographie. Des noms reviennent souvent comme points d'appui et arguments dans tous les débats: Pélage, Augustin, Thomas d'Aquin surtout, le Concile de Trente. Le sort des trois concepts précités se complexifie, dans ce qu'il faut y entendre, dans leur éventuelle extension et dans leurs rapports: le péché originel se transmet-il aux descendants d'Adam? Par quelle voie? La grâce est-elle prédéterminée par Dieu dans la personne de ses bénéficiaires? Cela soulève la question de la liberté humaine dans la contribution à son salut. Le Concile de Trente a répondu en ménageant les parties: transmission du péché originel levée par la médiation de la mort du Christ pour ce qui précède celle-ci; levée par le baptême pour les générations futures; reconnaissance de l'inclination de l'homme au péché, lequel peut se racheter par ses oeuvres.
L'état du débat aujourd'hui. L'A. mène son enquête auprès de plusieurs centaines de personnes, religieux et laïcs de plusieurs continents et se rend compte que ses questions sont, le plus souvent, escamotées, voire mal accueillies. Ce vaste parcours historique constitue une excellente synthèse. Bernard Quilliet s'est passionné pour son sujet et réussit à affilier son lecteur. - L. Doyen

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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