L'amour déjà là. Le souffle sur la braise

Fr. Coudreau
Liturgia y pastoral - reviewer : Alain Mattheeuws s.j.
L'expérience pastorale et catéchétique de l'A., ses responsabilités diverses (dans les Associations familiales catholiques, au BICE auprès de l'Unesco), nous indique d'emblée que les mots de ce livre ne sont pas creux et qu'ils balisent une route humaine et de nombreuses rencontres. Comment «faire bien l'homme» et lui assurer un «développement humain», particulièrement dans la naissance, la croissance et l'épanouissement de l'Amour? Parler de l'amour n'est jamais facile. Depuis que le Concile Vatican II en a fait un «concept théologique» (GS 48-49), nous savons non seulement par le coeur et par le corps, mais par l'intelligence qu'il est le «fil directeur» de tout lien humain. Est-il une grâce? Est-il donné par le fait d'être un homme, une femme? La dynamique «nature-grâce» traverse ce livre et l'accent semble régulièrement mis sur l'être «toujours déjà là de l'amour». La nature humaine - et les premières pages de la Bible nous le rappellent - est déjà un don de Dieu. L'amour déjà là est déjà une grâce. Il convient de la retrouver, ou de mieux la nommer et la connaître. Telle nous semble l'option développée dans l'itinéraire présenté.
Quatre étapes rythment ce parcours. «L'amour déjà là» donne une identité à travers l'osmose vitale de la famille, la découverte de l'intériorité, la connaissance de son corps (I). Cet amour introduit à la relation. Cette poussée relationnelle apprend à apprécier la différence féconde et l'altérité découverte dans un discernement patient (II). La relation mène à la communion dans la fondation d'un couple, la fidélité éprouvée et l'accueil du sacrement (III). L'épanouissement se révèle dans la parentalité. Cet amour n'évite pas les épreuves de la vie mais suscite la préparation d'un au-delà de l'amour dans la foi en Celui qui est tout Amour (IV).
Certains regrets exprimés par l'A. (p. 31, 96) qui a connu plusieurs époques de l'enseignement de l'Église ne rendent pas compte de l'immense effort réflexif réalisé particulièrement depuis le dernier Concile. Des expressions mériteraient un débat théologique: «baptême du couple» (p. 111-113), importance de la «bénédiction» dans le sacrement (p. 112-113), effet de la grâce sacramentelle (transfiguration? identification? insertion dans le mystère de l'Église, mission du couple?). À la lecture de l'ensemble, on est parfois étonné d'une démarche où l'Écriture sainte est si peu référentielle de la foi sacramentelle et de la doctrine du mariage. Si, pour l'A., la foi n'est jamais extrinsèque à l'acte de liberté par lequel un homme et une femme s'engagent en amour, le «mysterium» dont parle Paul aux Éphésiens est peu commenté. La perspective est peu eschatologique, elle est - dans le bon sens du terme -- apologétique avec un langage réaliste et précieux pour saisir l'expérience humaine avec sa beauté et ses limites. Les jeunes générations liront avec beaucoup de fruits ces développements marqués plus par la grâce du fruit que celle de la semence: «La démarche et la décision croyantes apparaissent comme la phase ultime et comblante de l'aventure humaine; elles sont le fruit désiré et mûr de l'amour déjà là» (p. 11). - A. Mattheeuws, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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