Une histoire passionnante dont jouiront les biblistes; elle
intéressera aussi les familiers de l'Écriture désireux d'en savoir
plus sur les débuts de la traduction en grec de la Bible, à partir
de l'original hébraïque: passage d'une culture à une autre, mais
aussi évolution de l'interprétation (dans le sens du targum, ou
mini-commentaire). A. Léonas, qui signe ce précieux volume, docteur
de l'Univ. de Paris IV-Sorbonne, fait partie de l'équipe qui, avec
Marguerite Harl, s'est lancée dès 1986 dans l'édition de la Bible
d'Alexandrie; il parle en connaissance de cause. Nous avons déjà
recensé un certain nombre de volumes parus dans cette collection
devenue célèbre, et qui s'impose par sa rigueur et sa précision
(cf. NRT 108 [1986] 106; 117 [1995] 906; 121 [1999]
133…).Un tournant important s'est pris dans l'histoire de
l'Occident grâce à la transmission du patrimoine religieux d'Israël
au christianisme assumant le paganisme méditerranéen. Ce tournant
impressionnant a laissé des traces dans l'histoire de la traduction
grecque qui devint la traduction par excellence. Faire l'histoire
de la Septante, c'est exercer ses capacités de linguiste, mais
aussi d'historien des cultures, des idées théologiques, des
perceptions religieuses, et surtout du sens de l'Écriture dans le
monde gréco-romain en évolution. Le propos de l'A. est heureusement
exprimé dans son épilogue: «Mon intention, en écrivant ce livre, a
été d'abord de clarifier les choses pour moi-même et, plus qu'un
travail d'exposé de résultats de la recherche dans un but de
vulgarisation, c'est un travail de réflexion: quoique né d'une
étude philologique, il traduit la tentative d'un chercheur de
rendre compte de l'intérêt de sa matière et de faire comprendre
pourquoi il est intéressant et utile de se pencher ainsi sur de
vieux volumes relatifs aux traducteurs et aux lecteurs de la
Septante» (p. 229). On peut dire qu'il a parfaitement réalisé son
propos. Après avoir repris la légende de la composition de la LXX
et son explication, l'A. décrit l'univers des traducteurs et nous
parle de l'hébreu comme «langue de l'invisible», puis du texte
traduit par les Septante. Il se demande ensuite quels étaient les
destinataires de la traduction et quel message leur transmettait la
Bible: langage et déchiffrement du sens. Cet exposé force
l'admiration et captive l'attention.Espérons que tous les biblistes
- professeurs, étudiants, curieux - liront avec intérêt ce beau
livre, fruit d'une expérience personnelle et d'une érudition
consommée. La transmission par Jésus de l'héritage d'Israël
signifie l'essaimage de la révélation divine dans l'humanité
entière, et rien de moins que l'universalisation de la foi
chrétienne. Nous savons gré à l'A. et aux éditeurs d'avoir mené à
bien cette remarquable étude. - J. Radermakers sj