L'A., jeune religieux assomptionniste, s'affirme déjà comme un
brillant spécialiste de Newman à travers la publication de cette
thèse doctorale. Il nous offre, en effet, une enquête précise et
minutieuse, bien que complexe et contenant parfois des longueurs.
L'évolution ecclésiologique de Newman, anglican, s'enracine dans
l'expérience de conversion vécue à l'âge de 16 ans dans le climat
d'un protestantisme évangélique. Deux convictions, déterminantes
pour la suite de ses recherches ecclésiologiques, s'en dégagent: le
souci du salut et l'importance d'une religion de nature dogmatique.
La question du salut des âmes est «le ressort existentiel» (p. 709)
de la question ecclésiologique mais aussi un frein dans son
évolution, car Newman ne veut pas mettre son propre salut et celui
des autres en péril suite à une erreur de jugement personnel. Par
ailleurs, il sera à la recherche de «la clef du rapport entre
l'Église et la doctrine» (p. 538) qui permet de tenir à la fois la
fidélité à la foi apostolique et le développement du dogme.
L'A. distingue au moins six positions ecclésiologiques différentes
adoptées entre la première conversion et le passage à l'Église
catholique en 1845. Elles peuvent toutefois être réunies autour de
trois: la théorie calviniste, la théorie dite anglo-catholique et
la théorie romaine. La première sera abandonnée suite, notamment, à
un changement d'opinion relativement à la régénération baptismale
et à la conviction qu'on ne peut pas opposer l'Église visible à
celle, invisible, qui ne réunirait que les seuls croyants
convertis. La dernière théorie ne sera elle-même adoptée qu'après
un long cheminement, qui le conduira à reconnaître à l'Église
romaine un pouvoir d'authentification des développements de la
foi.
À l'heure d'Anglicanorum coetibus et de la béatification
du Cardinal Newman, cet ouvrage vient à point. - L. Terlinden