Un ecclésiastique qui disparaît : voilà qui n’est pas sans rappeler le fameux Monsieur le curé fait sa crise du regretté Jean Mercier. Pourtant, si l’écho fonctionne, la dimension gagne en gravité puisqu’il s’agit cette fois d’une fugue papale ! C’est donc le microcosme du Vatican qui en sera le contexte du roman et qui va nous être croqué par l’A., Michel Cool, journaliste en connaissant bien les rouages : et il est vrai que son tableau haut en couleurs laisse régulièrement transparaître tel personnage de la Curie ou encore tel trait de caractère dont on devine l’origine.

Au-delà de ce jeu des masques fort plaisant pour le lecteur complice, l’histoire se laisse savourer comme une fable rocambolesque d’un pape atteint soudain par le poids de sa charge et par ce qui lui arrive, affaires érodant son enthousiasme. Non parce qu’il serait incapable de porter sa charge à l’instar du pape de Nanni Moretti dans Habemus papam mais bien plutôt parce qu’il se découvre atteint par le regard des autres, sans désir de prière, ce que confirmera le diagnostic plus spirituel et sans appel de son ami moine : acédie. Pour guérir cela, quoi de mieux qu’une fugue dans un monastère isolé du nord de la France où, pour l’occasion, le pape régnant revêtira le costume qui fut le sien dans ses années de jeunesse et se laissera bouleverser par la fragilité.

S’il convient de n’en pas dire plus sur l’intrigue, il faut cependant ajouter qu’il ne s’agit pas là d’une simple histoire légère et sympathique : au-delà du sourire naissant souvent à la lecture, ce roman vient également questionner notre liberté intérieure comme le fut celle de ce pape fictif. Savons-nous, y compris dans les missions qui nous sont confiées ou dans celles que nous confions aux autres, préserver le temps de la liberté, pour reprendre souffle après les coups durs, pour prier avec gratuité ou pour nous laisser encore toucher par la vulnérabilité ? La fable n’est certes pas sans morale de l’histoire, mais elle n’est pas univoque : elle a à se laisser inventer par chacun dans la joyeuse liberté des enfants de Dieu. — I.P.d.L.G.

newsletter


the review


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80