Cette monographie savante émane d'une thèse défendue en 2013 à la
Sorbonne (Paris). Elle permet de faire le point sur une période peu
connue de l'histoire de la Babylonie. Si, en effet, l'histoire de
l'empire néo-babylonien (jusqu'à Nabonide en 539 av. J.-C.) est
assez bien documentée, celle de la Babylonie macédonienne et
séleucide (d'Alexandre en 331 av. J.-C. jusqu'à la mort d'Antiochus
vii en 129 av. J.-C.) est longtemps restée - pour diverses
raisons (accès difficile aux sources, désintérêt pour une période
de « déclin », cloisonnement excessif des disciplines
impliquées, etc.) - une terra incognita. Depuis une
trentaine d'années et grâce aux avancées scientifiques dans le
domaine, cette situation de « point aveugle » s'est
transformée en un champ de recherches fertiles dont l'ouvrage
présent offre - à partir de l'ensemble des sources disponibles
(documentation cunéiforme et hellénistique, diverses sources
épigraphiques et numismatiques, récits d'historiens, données
archéologiques et archéobotaniques) - une impressionnante synthèse
d'autant plus salutaire que la région concernée (l'Iraq actuel) a
subi récemment de multiples bouleversements. En outre, pour
analyser cette tranche d'histoire régionale, l'A. n'hésite pas à
situer son étude dans un contexte historique (en amont, l'empire
achéménide et en aval, la domination parthe) et géographique
(par-delà les strictes limites de la satrapie de Babylonie, les
régions de l'Apolloniatide, de la Haute-Mésopotamie et de la
Susiane) plus large afin de mieux saisir les permanences et les
évolutions des structures économiques analysées (économies royale
et cultuelle, structures d'échanges et moyens de paiements). On
comprendra donc aisément qu'avec ses nombreuses annexes (production
de l'atelier impérial, trésors, monnaies, attestations de
transactions, etc.) et sa riche documentation (plus de 70 figures
et illustrations), cet ouvrage devrait constituer une borne
milliaire incontournable pour les études à venir. - D. Luciani