Yves-Marie Congar a joué un rôle déterminant dans le labeur théologique de Vatican ii, notamment dans l’élaboration de la constitution Lumen Gentium. Il a spécialement contribué à préciser l’importance de l’analogie de l’Église comme Corps du Christ, tout en constatant après le Concile sa marginalisation, voire son oubli. Samuel Rouvillois expose ici comment, malgré ce mouvement postconciliaire, l’ecclésiologie de Congar a gardé pour fondement – tout au long de son déploiement – une théologie de l’Église Corps du Christ. Tenant compte de l’évolution ecclésiologique du Dominicain, qui élargit sa vision très thomiste vers une perspective plus analogique qui cherche ses propres outils conceptuels, l’A. met en évidence la persistance de l’attachement de l’ecclésiologue à l’analogie du Corps du Christ comme porte d’entrée dans le mystère de l’Église. Au regard de ce constat, l’ouvrage met en évidence la manière dont les différentes analogies pour définir l’Église (Peuple de Dieu, Sacrement, Communion, Épouse, Temple) s’articulent grâce à l’analogie du Corps.

Fort de l’exposé de cette théologie de l’identité de l’Église telle qu’elle apparaît au terme du parcours congarien, l’ouvrage aborde alors la question des quatre notes de l’Église (unité, sainteté, catholicité, apostolicité) et montre comment elles s’explicitent d’autant mieux lorsqu’on les rapporte – comme le fait Congar – à la théologie de l’Église-Corps du Christ. Au terme l’A. s’interroge sur l’importance d’une réappropriation aujourd’hui de cette approche théologique de l’Église et sur la nécessité d’un nouvel approfondissement de la compréhension de l’analogie du corps, pour pouvoir l’actualiser.

L’ouvrage présente ainsi, de manière convaincante, à la fois une introduction à l’ecclésiologie du père Congar, et une découverte, à son école, des différentes composantes d’une théologie de l’Église fondée sur l’affirmation paulinienne qui ne laisse pas de nous interroger : « Vous êtes corps du Christ » (1 Co 12,27). — M.-D. Weill