Théologien et oecuméniste connu, Aram I, Catholicos de l'Église arménienne orthodoxe de Cilicie, publie ici les huit rapports qu'il a donnés, de 1991 à 1998, au Conseil oecuménique des Églises comme Modérateur de cette institution. Il y aborde les grands problèmes qui se posent aujourd'hui dans une Église divisée, mais tout entière en marche vers l'unité à laquelle Dieu l'appelle avec insistance, car les facteurs de division ne tiennent pas à l'essence de notre foi. L'oecuménisme n'est pas facultatif, il constitue notre réponse à l'appel de Dieu en Jésus-Christ (p. 268).
Ces exposés nous ont paru d'une très haute qualité. Nous avons été particulièrement et heureusement frappé par la place importante qu'y joue une théologie animée par la foi dans la Trinité et par le rôle toujours actuel de l'Esprit Saint dans l'Église et dans le monde. Relevons quelques points spécialement intéressants. La Révélation évangélique n'est pas un livre, c'est le Christ en personne (p. 117). L'Incarnation est l'événement sauveur de Dieu qui, comme tel, touche toute l'humanité et toute la création (p. 118). Il n'est lié à aucune culture particulière et doit donc être «réincarné» dans chaque culture (p. 120). Un dialogue responsable avec d'autres religions et un ferme attachement au caractère unique de notre foi chrétienne ne sont pas contradictoires (p. 116-117).
La lutte ne se situe pas entre l'Évangile et les cultures, mais entre l'Évangile et les pouvoirs qui, dans chaque culture, déshumanisent et assassinent la personne humaine (p. 131). Aussi est-il important de mettre en évidence la relation qui existe entre sécurité et justice, sécurité nationale et sécurité internationale (p. 134). Nous devons apprendre à être des auditeurs plus attentifs et plus humbles envers les autres, ce qui semble à l'auteur un point en constant déclin (p. 201). La mondialisation affecte en profondeur le mouvement oecuménique, la théologie, la spiritualité et la mission des Églises (p. 254). L'A. signale la nécessité de passer à une économie de communion qui serve de correctif à la conception pyramidale de l'Église et il marque l'importance de ce changement pour un rapprochement avec l'Église catholique romaine, vu l'attachement de celle-ci au primat de l'évêque de Rome (p. 50 et 55). Il nous paraît qu'un grand pas pourrait être fait chez elle grâce à une meilleure pratique de la collégialité, rappelée par Vatican II, mais fort laissée dans l'ombre depuis lors.
Voici un livre qui mérite d'être lu et médité. - L. Renwart, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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