L'Evangelio negli scritti giovanili di M. Lutero (1509-1516)

Mario Galzignato
Teología - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Ce volume n'est qu'une partie d'une thèse soutenue à Rome en 1990. Elle n'a été publiée qu'en 1998 après l'accord historique entre luthériens et catholiques sur la justification. L'A. démontre que Luther était arrivé en possession de l'essentiel de sa doctrine dès décembre 1516, donc avant la rupture avec Rome en 1517; il le montre à travers l'étude de ses premiers écrits entre 1509 et 1516, en y ajoutant des déclarations faites plus tard par le réformateur. Dans la présentation de ce travail, son directeur de thèse, del Zotto ofm, note que les protestants eux-mêmes reconnaissent qu'il est difficile de définir la justification luthérienne ou de l'interpréter, puisque en 1963 la Fédération mondiale luthérienne n'y est pas parvenue! Luther en effet n'était pas un esprit systématique ou un dogmaticien. M. Galzignato part du vécu du jeune moine augustinien qui a lui-même parlé du lien entre sa crise spirituelle d'angoisse et l'Évangile, et l'A. tente de préciser les causes de cette crise et la manière dont il la surmonta. Luther voyait ces causes dans le fort «sens du péché» créé durant son enfance par une éducation familiale et scolaire trop sévère, puis dans la doctrine de l'occamiste G. Biel disant qu'«à celui qui fait son possible, Dieu ne refuse pas sa grâce.» Luther se sentait incapable d'observer la Loi évangélique, mais très tôt il eut l'intuition qu'il fallait arriver à un salut totalement gratuit, en niant même le libre arbitre humain et en vidant l'Évangile de tout légalisme. Cette doctrine fut découverte graduellement à partir de la préparation de ses cours de théologie. Dans Les sentences de Lombard (1509-1510), il commence par refuser la justice de type aristotélicien; dans son Commentaire des psaumes (1513-1515), il ose dire que le «juste» reste pécheur et que seule la justice venant de la foi nous rend justes, la seule condition étant de croire et non pas de «faire»; l'Évangile du Christ nous libère de la Loi. Mais l'homme pouvait-il se disposer à recevoir la grâce de la justification? Dans le Commentaire de l'Épître aux Romains (1515-1516), Luther va plus loin et ruine le libre arbitre: totalement gratuite, la grâce seule nous justifie, sans les oeuvres antérieures ou postérieures. Le salut est l'effet d'une prédestination divine, sans concours de notre liberté. La justification est donc totalement passive et nous est donnée à travers la Révélation, sans les oeuvres, mais elle nous laisse pécheurs. Dans deux sermons de décembre 1516, Luther montre enfin que la Loi évangélique (Mt 5) n'est pas obligatoire, mais qu'elle a pour rôle de nous rendre évident notre péché. Jésus est notre sanctification et notre rédemption car seul il a accompli la Loi. L'homme reste pécheur toute sa vie et l'Évangile a le rôle de le lui faire comprendre. On voit que toute la doctrine de Luther fut dirigée contre la doctrine «mortifère» de G. Biel. Un Appendice rédigé en 1998 souligne l'actualité de cette doctrine avec le discours de Jean-Paul II aux pasteurs protestants d'Allemagne en 1980 et l'accord sur la justification en 1998. Une bibliographie classée achève ce morceau de thèse. L'A. a le mérite d'étudier la période catholique de Luther et de montrer la genèse progressive de sa pensée pour répondre à son angoisse personnelle suscitée par le salut qui serait conditionné par nos bonnes oeuvres. - B. Clarot, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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