Il faut bien voir le sens de la communauté et ce qu'elle signifie pour nous concrètement. Beaucoup de philosophes y ont réfléchi et apporté différentes solutions qui tournent autour de la mort constitutive de notre condition humaine. Pour Mancini, la communauté est solidarité entre des êtres finis, et la vie est irréductible à la mort. Heidegger a insisté sur la valeur de l'événement; or reconnaître que la vie a un sens et une destinée est un fameux événement concernant une personne (chaque personne), c.-à-d. un «tu» irréductible à la finitude et à la mort. Mais seul l'amour permet de voir l'autre dans cette perspective. C'est là aussi que les communautés humaines trouvent leur fondement en renvoyant à une origine librement créatrice et qui se veut non-puissante. Pareille perspective s'inspire du christianisme et de la foi chrétienne certes, et le philosophe doit le reconnaître pleinement.
Dans le vaste domaine de la communauté, l'A. a choisi de suivre le «principe» communautaire, c.-à-d. la relation de toute communauté avec son origine, qui est aussi origine du monde et de la vie, au sens de «ce qui a précédé» et que tout homme expérimente en naissant. Il passe ensuite aux structures, aux fonctions et aux possibilités de la vie en commun: interactions entre personnes et communauté, entre communauté et liberté. Le mal peut pervertir toute communauté, mais peut aussi devenir occasion de résurrections. Enfin il s'interroge sur la coresponsabilité des communautés à l'égard du monde pour y établir la paix.
Ces notes espèrent ne pas être trop infidèles à la pensée de Mancini et pourront donner envie de connaître de plus près la richesse de ce livre, fruit de son expérience communautaire. - B. Clarot sj