Un livre d'hommage est toujours, à partir des contributions
diverses qui le composent, l'occasion d'apprécier l'ampleur,
parfois aussi la diversité, de l'oeuvre de celui que l'on
congratule. La bibliographie de celui-ci - au 30 avril 2011, 12
pages de titres - ne suffit pas à mesurer cet hommage. Et si la
Simplicité du principe (1994) se termine par «L'esprit se
sait uni à soi, mais il sait qu'il ne l'est pas par lui-même» (p.
269), on comprend mieux le titre du présent recueil: La grâce
de penser! Et la fécondité d'une démarche «en philosophie
réflexive de l'esprit» n'éloigne pas, au contraire, de la
métaphysique. L'intérêt de ces pages consiste aussi dans le texte
de Paul Gilbert, donné en forme de «merci» délivré le 7 mai 2010 à
l'occasion de l'hommage célébré à la Faculté de Philosophie de
l'Institut catholique de Paris à l'initiative de son doyen (E.
Falque). La succession des lieux et des circonstances, qui ont
marqué le parcours de P. Gilbert, ainsi que la variété (belge,
française, italienne) des participants, souligne que «s'engager
dans la pensée» n'est pas seulement un labeur solitaire mais aussi
le fait d'une communauté se reconnaissant dans une entreprise de
haute culture intellectuelle où les différentes approches (y
compris phénoménologique) s'«ex-haussent» à la rencontre les unes
des autres. D'une lecture du Monologium d'Anselme (1984) à
Violence et compassion (1996), le chantier est vaste. Il
convoque cette rencontre dans les textes qui font honneur à son
labeur et leur variété reflète son hospitalité. On ira, évidemment,
de l'incontournable Du principe de Stanislas Breton à
Aristote comme à Heidegger en passant par St Thomas d'Aquin. Bien
sûr, il faudra citerBlondel, Balthasar, sans oublier les auteurs
classiques que la question de la métaphysique a sollicités comme
elle a requis Paul Gilbert. L'index des noms propres n'est pas
anecdotique. La mention d'Aimé Forest«dont le réalisme spirituel»
l'a mobilisé et qu'il ne «cessera pas de revendiquer (…)» (E.
Falque, p. 8) indique la référence première du jeune étudiant de
l'UCL (cette filiation est soulignée par E. Tourpe). Mais une
particularité (héritière de la pédagogie scolastique?) sera de
pouvoir aussi lire les remarques «en écho» proposées avec modestie
par Paul Gilbert à chacune des interventions. Toutes les
interventions sont de qualité et permettront de prendre le pouls de
notre contemporanéité philosophique. À Paul et aux amis qui lui
témoignent leur reconnaissance, à notre tour, merci. - J. Burton sj