Réfléchissant sur l'intelligence de la foi aujourd'hui, l'A. a
saisi combien la Tradition de l'Église était riche de potentialités
inexplorées, et combien il est fécond de s'y replonger. D'ailleurs,
depuis un demi-siècle, les éditions et traductions de textes
anciens se sont multipliées. Pour en retrouver la richesse
savoureuse, rien de mieux que de recourir au genre littéraire de
l'expositio au sens que ce terme avait au Moyen Âge, mais dont on a
abandonné la pratique avec la rationalisation de la théologie. Son
propos est de suivre pas à pas le déroulement d'un texte important
et de l'analyser de manière à en faire apparaître la logique
interne. M.C. avait déjà utilisé cette manière de procéder avec
l'oeuvre de saint Anselme (en 1986s.). Il reprend aujourd'hui une
démarche analogue avec le traité Sur la grâce et la liberté de
saint Bernard. Rédigé en 1128, d'après la Lettre 52 du saint, il
est dédié à Guillaume de Saint-Thierry, et se trouve publié au n°
393 de la collection Sources chrétiennes. L'A. utilise la
traduction de ce volume en la modifiant sur quelques points. Il
n'est pas nécessaire de rappeler la rigueur de l'esprit bernardin
qu'atteste l'intérêt que lui ont porté, notamment, Jean Calvin et
saint François de Sales. M.C. en transcrit le texte, parties après
parties, parfois les situant dans leur contexte, et les faisant
suivre de la mise en évidence de leur signification. L'économie
générale du traité n'en est pas pour autant négligée, pas plus que
sa place dans l'oeuvre globale du saint, avec une attention
particulière pour les sermons sur le Cantique (prêchés entre 1135
et 1153). L'A. n'oublie pas de référer la pensée du saint à la
tradition antérieure, plus spécialement aux doctrines de saint
Augustin, de Jean Cassien et de saint Anselme. M. Corbin fait
apparaître toute la force du traité de saint Bernard, mais on ne
peut le suivre qu'au prix d'une exigeante attention. - H. Jacobs,
S.J.