La loi du plus fort. Histoire de la rédaction des récits davidiques de 1 Samuel 8 à 1 Rois 2

Jacques Vermeylen
Sagrada Escritura - reviewer : Jean-Louis Ska s.j.
J. Vermeylen propose dans cette vaste étude les résultats d'une recherche commencée il y plus de dix ans. L'ouvrage se compose de deux parties inégales. La première contient une analyse fouillée des textes, section par section, et la seconde, plus brève, expose les hypothèses de l'auteur sur l'histoire de la rédaction. L'ouvrage se termine par une bibliographie, plusieurs index et un résumé des conclusions en anglais.
La méthode adoptée est celle de l'histoire de la rédaction. Voici les principaux résultats de la recherche. Dès l'époque de David, les scribes de la cour ont rédigé trois textes: le récit de David et Saül (1 S 11 - 2 S 7*), le récit de David - Absalom (2 S 13-20*) et le récit de la prise de pouvoir par Salomon (1 R 1-2*) (l'astérisque indique qu'il s'agit uniquement des parties les plus anciennes des textes mentionnés). Sous le règne de Salomon, ces récits ont été intégrés en une grande fresque (1 S 1 - 1 R 11*) qui a connu deux rédactions successives (1 S 1 - 1 R 2*; 1 R 3-11*). Ces oeuvres sont avant tout des instruments de la propagande politique au service du pouvoir.
Au cours de l'exil, ce complexe littéraire a subi trois révisions. Ici, l'A. reprend à son compte les idées de l'école de Göttingen (R. Smend, W. Dietrich, T. Veijola, etc.). La première rédaction (DtrH: le deutéronomiste historien) veut montrer que la monarchie a connu une fin tragique en raison de l'infidélité des rois à la loi. La seconde (DtrP: le deutéronomiste d'inspiration prophétique) met en valeur le rôle des figures prophétiques (Samuel, Natan, Gad, etc.). La troisième (DtrN: le deutéronomiste intéressé par la loi - nomos en grec) se contente d'interventions ponctuelles; pour lui, la monarchie et le temple ne sont que des institutions humaines. Une dernière rédaction postdeutéronomiste datant de l'époque perse revoit tout le texte en fonction des idées les plus radicales de la communauté postexilique dirigée par Esdras pour faire de cette communauté et du grand prêtre les vrais héritiers de David. Il y aurait donc en tout sept stades rédactionnels.
Le travail accompli est impressionnant et on ne peut qu'en féliciter l'A. Les quelques difficultés posées par une telle approche viendront probablement de trois côtés. Tout d'abord, il n'est pas toujours facile de fonder les hypothèses sur des données textuelles ou historiques bien claires. Il aurait été utile, sans doute, de préciser quelque peu la méthode, ses points forts et ses limites. En second lieu, les historiens discutent beaucoup aujourd'hui du royaume de David et Salomon. Plusieurs auteurs sérieux considèrent que cette période a été beaucoup embellie par la suite pour justifier la position de Jérusalem (Flanagan, Niemann). C'est sans doute seulement après la chute de Samarie et sous le règne d'Ézéchias que la capitale du sud a vraiment commencé à prendre de l'importance. Enfin, pour quelques spécialistes tels que Jamieson-Drake, les conditions économiques et culturelles nécessaires à l'instauration des écoles de scribes ne sont pas réunies avant le huitième siècle av. J.-C. Il ne faut pas oublier non plus que pour introduire quelques versets dans un texte, le scribe devait forcément réécrire tout le rouleau. - J.-L. Ska, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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