Ce petit ouvrage, publié par Pierre Poiret à Amsterdam en 1687,
retient l'attention de Leibniz, qui déclare avoir trouvé beaucoup
de bonnes choses dans ce texte. Né à Metz, en 1646, dans une
famille modeste, Poiret était devenu pasteur. Il se sentit attiré
par les exigences d'une vie de sainteté dont l'idéal lui fut
découvert par les Sermons de Tauler et L'Imitation de Jésus-Christ.
Auprès des premiers piétistes de Francfort, il prit également
connaissance des écrits d'Antoinette Bourignon. De celle-ci il se
jugea toujours le débiteur, et lui demeura solidaire au coeur même
des persécutions qui l'accablèrent et qu'il jugea injustes. En
réponse à des libelles polémiques de Pierre Jurieu, Poiret composa
La paix des bonnes âmes, deux ans après la Révocation de
l'Édit de Nantes. Souvent prolixe, il y explique et il y défend sa
propre position, réfute les calomnies et justifie Antoinette
Bourignon. L'ouvrage connut un franc succès, surtout sans doute par
son appel à une religion du coeur, et à l'apaisement entre
chrétiens qui se déchirent. Cette tolérance spirituelle lui paraît
possible par la reconnaissance de l'amour du Christ, intérieur à
quelques «bonnes âmes», minoritaires, certes, mais éparpillées dans
tous les partis. Sa susceptibilité et sa véhémence ne sont pourtant
pas toujours à la hauteur de ses intentions.
M.Ch., déjà connu par sa biographie de P. Poiret (Genève, 1994),
nous donne ici l'édition critique et annotée de La paix des
bonnes âmes, transcrite à partir d'un exemplaire conservé à la
Bibliothèque cantonale et universitaire de Genève. - H. Jacobs,
S.J.